Jane Campion dans son dernier film nous entraîne dans une tragédie psychologique captivante. Dès les premières images, on sait que le chemin sera ardu que le malaise pèsera mais que l'on restera comme hypnotisé par tant de beauté, celle des paysages somptueux et tant de cruauté, celle de Phil. Tout de suite, Jane Campion appuie les contrastes dans cette adaptation du roman éponyme de Thomas Savage. Les extérieurs baignés de lumière cadrés par les fenêtres de la grande demeure triste et sombre figée dans un décor de jadis, l'antagonisme des deux frères, poussé jusqu'à la caricature, douceur d'un George tiré à quatre épingles et brutalité de Phil qui se complaît dans la boue. Une relation dominant dominé consentie équilibrant ce duo (qui partage toujours la même chambre depuis l'enfance) qui éclatera du fait de George en épousant Rose, une jolie veuve. Phil n'aura de cesse de terroriser la pauvre fille qui se consolera dans l'alcool. Peter, son fils, sensible, efféminé qui veut être médecin, deviendra le bouc émissaire de Phil et révélateur du secret de ce dernier. Si le dénouement est prévisible, la réalisatrice nous dispense parcimonieusement des pistes explicatives. Tout en subtilité. Le jeu incroyable de Benedict Cumberbatch appuyé par son regard hypnotique, nous transporte. Il est entouré d'une palette d'acteurs excellents. La musique colle parfaitement au scénario maîtrisé. Un vrai beau et bon moment de cinéma. On peut juste regretter qu'il ne soit distribué que sur Netflix.