Je voulais te dire...


Ils sont rares, je crois, les joyaux noirs. Ceux qui transpercent, ceux qui étincellent d'un halo de pourriture et de lumière, et te font te sentir pas si nul, en fait, une fois que s'achève le voyage.
Pas que t'en sorte foncièrement grandi (encore que), juste, on peut faire danser un scénario (Nick Cave) qui se fout pas de tes neurones sur une merveille de musique du duo Nick Cave/Warren Ellis capable de nettoyer jusqu'à tes trompes de Fallope (et ce, même si tu n'en as pas) et une splendeur visuelle de chaque instant, presque asphyxiante.
Et, comme si ça suffisait pas, des acteurs viscéraux, transpirants de chair et de vie, dégoulinants de mort.
Ils sont précieux, du coup, ces joyaux noirs. Faut les chérir, prendre un chiffon doux pour les polir en prenant garde de rien abîmer.
Je sais pas, moi, tu peux faire un petit autel secret dans une armoire et faire brûler un cierge, de temps à autre, pour vénérer cette fulgurance.
Et puis cacher la clé dans ton fondement pour que personne ne vienne salir ton église.


Bref...


Au XIXème siècle, le capitaine Stanley s'est juré de civiliser l'Australie. Coûte que coûte.
Les frères Burns, fratrie de psychopathes, font trembler la civilisation qui s'installe à coup de rapines, de viols et n'hésitent pas à massacrer tout ce qui bouge.
Les deux plus jeunes frères sont capturés, le capitaine Stanley fait une proposition à Charlie Burns : ils seront graciés, lui et son frangin un peu simplet, s'il ramène, ou tue, ses deux aînés qui se cachent au fin fond du bush.


C'est le début d'une quête de neuf jours, sublime et lente, à la violence aussi sombre que lumineuse, fiévreuse lorsque son héros (Mais peut-on, sans rougir un peu, parler de héros quand on aborde un homme qui choisit de trahir son sang pour quelques miettes de dignité ? Ou simplement, pour sauver sa peau ?) est froid comme la lame d'un schlass. Une quête aussi rude que l'est ce pays ou un Noël sous le cagnard.


Je te laisse, j'ai un cierge à cramer et je sais plus trop où j'ai fichu ma clé.


Ni mon cierge d'ailleurs.

DjeeVanCleef
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le 17 nov. 2016

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DjeeVanCleef

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