Si mes souvenirs sont exacts, The Quiet Family est le premier film coréen que j’ai vu au tout début des années 2000, avec des sous titres anglais, lorsque je lançais HKMania. J’avais été bluffé par l’humour noir de la bobine, l’interprétation de son casting, la qualité de sa mise en scène et la nouveauté qu’elle représentait pour moi à une époque où je regardais essentiellement des films de Hong Kong, particulièrement du film de castagne. C’est essentiellement grâce à lui, ainsi qu’à Shiri (1998) de Kang Je-Gyu, que je me suis lancé à bras ouverts dans le cinéma coréen, découvrant des petites pépites telles que JSA, The Foul King, Sympathy for Mr Vengeance et autres My Sassy Girl. Donc forcément, The Quiet Family a une place toute particulière dans mon cœur de cinéphage et lorsque je l’ai revu récemment, je m’étais dit qu’il était temps d’en parler en ces lieux.


Pour son premier film, Kim Ji-Woon, déjà auteur de plusieurs pièces de théâtre très populaires en Corée, a donc choisi le thème de l’humour noir pour exprimer la marginalisation grandissante d’une grande partie de la société. Ses personnages, en effet, sont littéralement laissés au bord du chemin, où plus personne ne se soucie d’eux, si ce n’est d’autres marginalisés. Ici, il place une famille qui décide de changer de vie et achète un chalet en montagne, transformée pour l’occasion en hôtel afin d‘accueillir des randonneurs de passage, des couples soulant s’isoler quelques temps, ou les futurs travailleurs venus construire un axe routier important. Seulement voilà, des problèmes de cadavres vont venir se mêler à leur petite affaire sans qu’ils y soient pour grand-chose. Du moins au début. Et puis, il va falloir les cacher tous ces corps, histoire de n’éveiller les soupçons ni des futurs clients, ni de la Police locale qui pourrait commencer à se poser quelques questions. Toute la famille, des parents aux enfants en passant par l’oncle, va devoir se mobiliser et faire des pieds et des mains pour que l’hôtel continue de rester attractive, et surtout ouverte. Mais entre les conneries des uns, les maladresses des autres, les accidents, les manigances et les impondérables, il y a sincèrement de quoi se marrer avec The Quiet Family car avec son premier film, Kim Ji-Woon fait très fort. Le film a d’ailleurs été récompensé, entre autres, par le prix de meilleur réalisateur au 1998 Critic’s Choice Awards, le prix du meilleur film au Fantasporto 1999, ceux du meilleur film et meilleur réalisateur au Malaga International Week of Fantastic Cinema 2000, et a été nominé dans de nombreux autres. Certains pourrons dire que ce ne sont que des prix et que, dans l’absolu, cela ne veut rien dire. Mais ça, c’est parce qu’ils n’ont pas vu The Quiet Family et son humour ravageur.


The Quiet Family fait parfois penser à Petits Meurtres entre Amis de Danny Boyle (Transpoating, Une Vie Moins Ordinaire), film dont il s’inspire très largement. Comme dans ce dernier, les cadavres y sont enterrés et l’action se situe toujours au même endroit, dans une maison pour Petits Meurtres entre amis, et dans un petit hôtel pour Quiet Family. C’est un petit trésor d’humour noir décalé et macabre. Le réalisateur tourne toutes les situations, même les plus graves (la mort des randonneurs), à la comédie et on prend un énorme plaisir à essayer de se dépatouiller avec tous ces cadavres, essayant tant bien que mal, malgré leur amateurisme dans le domaine, à maintenir la barque à flot. Les personnages, très charismatiques, sont parfois très loufoques en partie le fils du patron de l’hôtel, complètement barge, qui nous gratifie de quelques bons moments de rigolade. On a même parfois l’impression de se trouver devant une comédie noire anglaise tant l’ambiance qui y règne s’y prête réellement. Le casting est absolument parfait et on reconnaitra sans souci des acteurs, alors à leurs débuts, devenus cultes aujourd’hui tels que Song Kang-Ho (Memories of Murder, Parasite) ou Choi Min-Sik (Old Boy, Sympathy for Lady Vengeance). La mise en scène de Kim Jee-Woon a beau être tout en sobriété, elle est classieuse et on reconnait malgré tout déjà sa patte artistique. L’ambiance a beau être sombre, avec des moments un peu inquiétants (bien que désamorcés par l’humour), on prend énormément de plaisir au visionnage de The Quiet Family car le dosage humour / meurtres (certains sont parfois violents et un peu gores) est absolument parfait ; car Kim Jee-Woon va à l’essentiel en ne cherchant que le plaisir qu’il va procurer au public ; car ces personnages bien que branquignols sont immédiatement attachants ; car c’est un très bon film, tout simplement.


Avec The Quiet Family, le désormais reconnu réalisateur Kim Jee-Won signe un premier film jouissif. Cette comédie macabre manie l’humour noir avec une grande précision et le résultat est à découvrir absolument. Une perle du cinéma coréen.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 28 nov. 2021

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