The Raid a profité d’un buzz incroyable : « Culte », « Meilleur film d’action de la décennie », « des scènes d’actions de ouf ». Ok, je me dis pourquoi pas ? Je mate le trailer. Je devine de la violence gratuite, on voit des athlètes plutôt bons dans leur style (Penchak Silat). Je regarde la critique presse sur Allociné : carrément une moyenne de 4/5 sur 20 critiques spécialisés ! Wooo. Presse et public unanime ? Premier hic. En poussant à peine mon investigation, je remarque que Télérama et Mad-Movies sont d’accord ?! Deuxième hic. Là, y a un problème. Je me décide à voir le film.
Effectivement. Il y a un problème. Première impression lors de l’assaut au début du film… ce n’est pas un film documenté. La manière de procéder de ses soldats (aussi débutants soient-ils) n’est pas crédible. On dirait une bande de sportifs disciplinés qui investissent un stade. Coup fatal. On insiste à une scène débile avec un habitant de l’immeuble qui finit par créer une tension entre deux soldats. Ok pour la crédibilité, on repassera. Je me dis à ce moment-là que les scènes d’actions doivent en mettre plein la vue. Regardons-le pour ce qu’il est. Un pur film d’action…. Je continue. Après tout, il y a quand même de temps en temps des bonnes idées de mise en scène.
Première scène de baston dans les couloirs… pas mal. Efficace. Violent. Energique. Deuxième baston… pas mal. Efficace. Violent. Energique. Troisième baston… pas mal. Efficace. Violent. Energique… Etc. Bref… je commence sérieusement à m’ennuyer. C’est toujours la même chose ! Roboratif. A partir de là, c’était terminé. Je ne pouvais plus sauver le film qui ressemblait à toutes ces vidéos que l’on trouve sur le net où l’on voit une bande de potes imiter leur star de cinéma d’action préféré dans des hangars abandonnés. Pire… c’est quand on lit que le film est construit comme un jeu vidéo ? Euh… résumer le jeu vidéo à une histoire de « level » c’est s’être arrêté à Mario Bros. Non. S’il fallait comparer The Raid, ça serait à un porno. C’est la même idéologie. Le scénario, on s’en fout. Tout ce qui compte c’est la baise… euh la baston. Toutes les pièces vont y passer : cuisine, salon, couloir, escalier. Le traitement de la violence ? Y en a pas. Que ce soit du côté des bons ou des bad guys… c’est pareil. Ils sont tout aussi barbares. A partir de là comment voulez-vous ressentir la moindre énergie, empathie, catharsis lors des fights. Gareth Evans – que l’on salue comme étant le nouveau messie du cinéma d’action – semble avoir oublié les fondamentaux des maîtres dont il s’inspire. Au hasard, Jackie Chan. La légende vivante aux multiples fractures. Digne héritier des maîtres du cinéma muet que sont Charlie Chaplin et Buster Keaton. Car elle est là, la différence fondamentale. Jackie Chan s’inspire du cinéma. Gareth Evans s’inspire des qualités athlétiques de ce dernier.
Jackie Chan en grand professionnel du cinéma, avait bien saisi que c’est avant tout la valeur dramaturgique qui confère toute la nouveauté à un combat ou une scène d’action. Qu’elle soit d’une tonalité légère, comique ou noire. C’est la base. Or ici, c’est comme dans un porno. Tout est prétexte à se mettre sur la gueule, ni plus ni moins. Comme quoi même un film d’action ou d’arts martiaux peut aussi souffrir du syndrome masturbatoire dont souffrent généralement les films dit «intellectuels ». (Film se reposant uniquement sur le commentaire)
C’est assez troublant d’ailleurs de remarquer que les honneurs vont systématiquement vers ce genre de production débile à haute teneur athlétique du moment qu’ils sont produits dans un pays sous-développé. Ong Bak, film thaïlandais, c’était la même chose. On l’a déjà oublié. De même pour sa star Tony Jaa depuis à la retraite… si jeune.
Plus troublant encore c’est cette critique professionnelle unanime, que je n’arrive pas à expliquer.
Je leur rappelle que dans la dernière décennie nous avons eu Fearless (Ronny Yu avec Jet Li), Ip Man (Wilson Yip avec Donnie Yen) qui eux sont des authentiques chefs d’œuvre du cinéma d’arts martiaux. Time and Tide (Tsui Hark) et Bourne Ultimatum (Paul Greengrass) pour le cinéma d’action.
Alors pourquoi tant d’amour pour un film qui n’en mérite pas ? Pot de vin me dites-vous ? Non je n’y crois pas. J’y vois plutôt une dérive des goûts et de l’exigence.
Je vois l’abaissement du niveau intellectuel au profit du tout sensas. On délaisse le cinéma au profit de la captation qu’elle soit théâtrale ou sportive. A moins que ce soit dû à une vision hautaine, bourgeoise sur la culture indonésienne (Posez-vous la question : Quel serait l’avis de ces mêmes critiques si le film avait été identique mais produit par Luc Besson/EuropaCorp et se situant dans les banlieues françaises).
Regardez ce pays pauvre se mettre sur la gueule violement. Ça nous excite à nous bourgeois civilisés et sclérosés dont les valeurs physiques sont annihilées par la tricherie, la manipulation et la trahison.
C’est une théorie…
Tirry
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le 27 sept. 2012

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