Ça passe ou ça casse !

The Raid avait complètement retourné le cinéma d'action en 2012 : un pitch sobre mais hypnotique, des séquences d'action réalistes ahurissantes, une violence graphique sans retenue et un sens aiguisé de la mise en scène avaient conquis un public las des produits hollywoodiens au même titre que Ong-Bak dix ans auparavant. Deux ans plus tard, toute l'équipe menée par le prodigieux Gareth Evans se retrouve pour une suite foncièrement très différente du premier opus où cette fois-ci le héros Rama s'infiltre dans un puissant gang pour mieux le démanteler. Un choix judicieux qui évite de nous ramener devant un vulgaire copié-collé...

The Raid 2 s'éloigne donc de son prédécesseur mais n'en demeure pas moins surprenant, aussi bien dans ses scènes d'action toujours plus impressionnantes que dans sa tournure scénaristique ici fortement influencée par les grands polars de John Woo, Andy Lau ou encore Michael Mann. Organisation criminelle en costards-cravates, flic infiltré se prenant un peu trop au jeu des gangsters ("Berandal", le titre original, veut dire "Voyou"), conspirations multiples, traîtres en pagaille... Le long-métrage ne nous laisse aucun répit et apporte un vent de nouveauté en la présence de personnages inédits encore plus marquants que le précédent (mention spéciale aux tueurs Hammer Girl, son frère Baseball Bat Man et celui nommé L'Assassin, d'une froideur sans pareille).

On pourra peut-être regretter un trop-plein de personnages et plusieurs sous-intrigues pas toujours efficaces mais dans l'ensemble, l'histoire tient agréablement bien la route et reste dynamique d'un bout à l'autre de ces quelques 2h30 de bobine. Plus violent, plus sanglant, plus dramatique mais aussi plus travaillé (aussi bien dans les dialogues que dans les décors et les chorégraphies), The Raid 2 rejoint les classiques du cinéma d'action des années 80/90 en multipliant les moments forts, les diverses séquences d'action avec course-poursuite en voiture, fusillades et combats mano a mano ou à l'arme blanche, égalisant sans peine son prédécesseur.

Ne manque au film qu'un ou deux plans-séquences bien ébouriffants (Evans en est capable), histoire d'enfoncer le clou plus profondément. Mais ne pinaillons pas trop, cette séquelle étant une nouvelle claque dont on ne sort pas indemne, faisant oublier les scènes les plus fortes du précédent film avec de nouvelles séquences inoubliables telles que le gigantesque combat dans la boue d'une prison, la tuerie dans le métro par la glaciale Hammer Girl ou encore tout simplement le combat final dans la cuisine, d'une intensité et d'une violence laissant sans voix. Encore une fois : chapeau bas.