Comment un double adultère peut-il déboucher sur une affaire politique voire même d'espionnage ? Si le scénario de The Reports on Sarah and Saleem ne s'était pas inspiré de faits réels, on aurait effectivement beaucoup de mal à y croire. Mais il faut tout de même préciser que le film se déroule à Jérusalem et à Bethléem et que les deux protagonistes par qui la crise arrive sont une israélienne et un palestinien qui ont une liaison cachée (elle pourrait difficilement être autrement). A partir de ce point de départ, il convient d'admirer l'écriture de ce film qui parvient à créer une atmosphère paranoïaque digne des meilleurs thrillers de Sydney Pollack dans les années 70. Et ce, en se plaçant tantôt côté israélien, tantôt palestinien, sans caricature ni prise de position outrancière. Alternativement, les deux amants et leurs conjoints trompés sont au centre du long-métrage qui par l'intelligence de sa narration plus que de sa mise en scène parvient à maintenir la tension plus de deux heures durant. L'occasion, aussi, de parler d'un pays en quête d'identité et d'une ville, Jérusalem, scindée en deux pour longtemps encore, il faut le craindre. The Reports on Sarah and Saleem n'épargne pas ses 4 personnages principaux mais sans cruauté, leur gardant leur part d'humanité y compris dans les mensonges que chacun s'oblige à échafauder. C'est particulièrement vrai pour les deux femmes, a priori aux antipodes l'une de l'autre, dont le film tire des portraits formidables de délicatesse blessée. Les cinémas israélien et palestinien nous habituent depuis quelques années à du très bon niveau. Le film de Muayad Alayad se situe encore au-dessus de cette haute moyenne.

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le 4 nov. 2018

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Cinéphile doux

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