Oh mais oui que ça fait du bien ! Ne serait-ce que pour la magnificence plastique de ce film, merci « The Revenant » ! C’est simple : c’est beau. Tous les plans sont remarquablement travaillés, certains moments sont même parfois d’une incroyable audace formelle, aussi bien dans la réalisation...


(L’assaut du camp en plans séquences, l’attaque de l’ours, la plupart des combats corps à corps)


...que dans leur créativité visuelle


(Le colibri qui sort de la poitrine, la météorite qui fend le ciel, etc…).


Même si pour certains ce genre d’affirmation apparaîtra toujours un peu exagérée, je n’hésite quand même pas à dire que c’est clairement sur ce plan là que, pour moi, toute la différence s’est faite. Parce que oui, « The Revenant » est un film long (2h30) ; « The Revenant » est un film d’atmosphère plus qu’il n’est un film d’intrigue et de propos ; et c’est peu dire que, face à un spectateur comme moi, faire de tels choix c’est clairement prendre un risque. Et pourtant, ça a marché malgré tout, et si ça a marché, c’est clair que c’est grâce à la richesse, l’inventivité et au renouvellement constants des trouvailles visuelles. Après, je ne minimise pas non plus le talent certain de l’ami Inarritu pour savoir raconter des histoires de manière dense et rythmée. C’est qu’il ne faudrait pas oublier que le gars a commencé à s’illustrer dans le monde du septième art par des films aux intrigues incroyablement complexes (« 21 Grams » ou « Babel ») et ce n’est pas anodin de le savoir quand on regarde ce « Revenant ». Parce que l’air de rien, mais si la structure de l’intrigue est au fond assez basique...


(2h30 pour accomplir une vengeance, c’est quand même beaucoup de temps pour pas grand-chose, et surtout, ce n’est quand même pas très original)


Malgré tout, les événements sont nombreux et savent instaurer une belle dynamique pour mettre à la fois en branle l’univers proposé que le propos défendu. Alors après, je reconnais que c’est sur ce dernier point que je pourrais chercher des poux dans la tête du beau Leo. Parce que oui, quel dommage d’avoir un film aussi prenant, audacieux, sophistiqué, et qu’au final il semble pédaler dans la semoule pour aboutir à la conclusion de son propos


(Moi, perso, j’adhère à cette vision sauvageonne de l’humain, explorée sous toutes ses faces, au point de nous laisser avec un portrait peu reluisant mais, je trouve, totalement pertinent. Seulement voilà, le film arrive à sa confrontation finale, et j’ai senti qu’Inarritu ne savait comment conclure son propos après l’accomplissement de tous les cycles de vengeances. Ainsi se retrouve-t-on avec de drôles de propos du genre « je ne vais pas me venger, c’est à dieu de le faire » et – pire encore – cette conclusion en « regard caméra » que j’ai vraiment perçu comme une ficelle facile, faute d’avoir mieux à nous dire et à nous montrer. Dans un film d’une telle qualité. Ça tache vraiment...)


Mais bon, l’un dans l’autre, il me faut quand même savoir rester lucide sur ce que je viens de voir. Oui, je viens de me manger une grosse claque dans la tronche. Et plus les heures s’écoulent désormais, et plus je m’en rends compte. Parce que l’air de rien, quand je fais la somme de tout ça, je me dis quand même qu’Inarritu nous sert là un sacré film, remarquable esthétiquement, très audacieux pour cet auteur et surtout très maitrisé pour ce genre de démarche. Alors après, je pense qu’on ne saura pas tous sensibles de la même manière face à ce type de film, ça peut même être du tout ou rien. Moi, c’est clair, ce film c’est du tout, et ça fait sacrément du bien…

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le 21 sept. 2017

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