Le presque assassinat de Hugh Glass par le lâche John Fitzgerald

[Avis identique même après visionnage au cinéma]


The Revenant est une claque visuelle. Je ne serai ni le premier, ni le dernier à le dire et l'écrire. Le film est fait pour être une claque, il l'est. Les plans séquences sont magnifiques tout du long. Les couleurs, les images réelles donnent au film ce côté immersif si particulier. L'immersion totale dans cette Amérique ultra-violente, limite primitive, par l'intermédiaire de ces indiens et trappeurs est formidablement réalisée et filmée par Iñarritu.
La claque visuelle elle est là...mais finalement on s'y attendait depuis Birdman. On savait que The Revenant allait être un film avec une photographie inoubliable. On savait que les plans séquences allaient subjugués cette vengeance animale. Iñarritu ne déçoit jamais sur ce plan, bien au contraire, il impressionne tout du long. De la première à la dernière scène tout est magistrale d'ingéniosité, d'intelligence et de maitrise. Que ce soit les fuites, les duels, la survie, la puissance animale, la caméra d'Iñarritu capte tout avec une maestria folle.


L'attaque de l'Ours est d'un réalisme extraordinaire. C'est impressionnant de voir la violence et la puissance qui se dégage de cette scène (et de l'ours). La proximité que l'on a avec DiCaprio, cette impuissance qui se dégage face a une telle force est foutrement bien rendue par la réalisation.


Mais la maitrise technique ne fait pas tout. On ressent un peu la même chose qu'après Victoria ou Birdman. D'accord, techniquement c'est parfait mais....Tout cela fait un peu étudiant modèle qui récite son cours sans forcément lui donner plus de matière. C'est beau, c'est fascinant mais c'est trop. Et encore The Revenant est moins jusque boutiste que les films précédemment cités mais cette volonté bornée de toujours vouloir filmer de cette manière ne permet jamais à The Revenant de décoller d'une manière ou d'une autre. Surtout que la musique derrière ne m'a pas convaincue. Sans jamais desservir le film, elle ne lui permet jamais de prendre son envol ou de lui donner cette forme de film épique et vengeur que The Revenant aurait pu être.


Et dans tout ce prodige technique, il est évident que DiCpario et Hardy sont formidables. L'un pour sa prestation dinguissime en trappeur vengeur, l'autre en lâche à l'accent si particulier. DiCaprio est exceptionnel, il dégage un charisme, une folie et une rage vengeresse tout en subtilité qui en fait, encore une fois, un candidat certain à un certain prix. Finalement le reste du casting (Will Poulter, Paul Anderson, Domhnall Gleeson) n'est que figuration malgré le lot de tête de connue.


Mais ! Et ce second mais découle du premier mais...The Revenant m'a laissé froid. Parce qu'aussi immersif et beau que soit The Revenant, le côté contemplatif qui s'en dégage crée irrémédiablement une barrière ou une distance avec toute cette histoire. On contemple l'épopée vengeresse de Glass à travers les grandes plaines enneigées américaine mais on ne la vit pas avec lui. J'ai l'impression que ce ressenti est la conséquence même du parti pris d'Iñarritu.
Il est d'ailleurs bien difficile de parler de cette histoire qui finalement ne tient à pas grand chose, The Revenant tient en haleine grâce à sa réalisation et à l'envie de savoir ce qu'il va advenir de ce héros et de ce lâche. A travers les rencontres, les tromperies, les trouvailles, les moments de solitude, d'abandon et d'humanité, The Revenant est une épopée humaniste sans pareille qui va forcément rester unique et va marquer par ce rendu visuel extraordinaire.


Il est presque dommage finalement que cette claque visuelle qu'est The Revenant ne soit pas complétée par une claque tout court. Parce que The Revenant est certainement un peu trop long (quelques moments d'ennuis sont venus me cueillir par moment) et le procédé un peu trop jusque boutiste.
The Revenant signe certainement, avec brio et talent, la claque visuelle de l'année 2016. Une claque qui rappelle celle que Gravity (sur un tout autre domaine) avait été fin 2013. Des prodiges visuels et techniques parfaits, des expériences uniques et novatrices qui obscurcissent des histoires pourtant si humaines et émotionnelles.

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le 5 janv. 2016

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Halifax

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