« Ce que dieu donne, dieu le reprend »

Un super film, vraiment excellent. Mince une critique demande plus d'une phrase. Il va falloir quelque peu développer et expliquer.


Tout d'abord la réalisation est parfaite, maîtrisée du début à la fin avec des séquences que la caméra rend immédiatement mythiques (l'attaque du début, l'ours, la scène dans le fleuve pour donner quelques exemples). La photographie magnifique alliée aux décors et paysages sublimes se rajoute par ailleurs, faisant de the revenant une expérience avant tout visuel. On se régale durant plus de deux heures et demi. Sincèrement le regarder en salle c'est assister à un véritable spectacle où les images et le son régalent les sens. À ce titre je ne comprends pas certaines critiques reprochant le manque de dialogues, j'étais dans un tel état de contemplation que je ne m'en suis même pas rendu compte.


En ce qui concerne l'histoire, il s'agit avant tout d'un film de survie. En premier lieu d'un groupe en territoire hostile, puis d'un homme brisé refusant la mort, repoussant les ténèbres de l'au-delà par la flamme de haine et de vengeance allumé au fond de son cœur. Certains diraient qu'il est poussé par l'amour pour sa femme et son fils, c'est vrai aussi, l'amour de ces êtres chers et perdus ayant engendrés sa haine pour ce trappeur. Dans ces terres gelées et sauvages encore gouvernées par la nature, les groupes humains se croisent, se déchirent et s'entraident. Nous rencontrerons à de multiples reprises les indiens, spectres à cheval qui talonnent notre héros telle la mort qui refuse de lâcher sa prise, nous verrons des québécois, un autre solitaire cherchant tribu où trouver refuge. Durant les deux tiers du film, Glass traversera donc forêt, fleuve et montagnes et nous le suivrons dans son périple. D'homme enterré au seuil de rejoindre son défunt fils sang-mêlé, il se traînera hors de la tombe, soignera ses plais et se relèvera, jusqu'à monter à nouveau un cheval, symbole de sa renaissance achevée. Mais le film a l'intelligence d’accélérer le rythme dans le dernier tiers. Lorsque Glass retrouve les siens et est ramené au fort, c'est un peu comme si le spectateur retrouvait avec lui de la vigueur, se rappelait l'objectif de tout ceci : traquer et tuer l'homme qui lui a tout pris.



Il a tout à perdre, je n'avais que mon fils.



Cette partie vengeance relance le rythme du film (qui finissait il est vrai par s'admirer un peu lui-même) et entraîne le spectateur dans un affrontement violent, tactique et mortel entre les deux hommes aussi doués l'un que l'autre. Sans raconter la fin, je dirai que je trouve logique le rôle joué par les indiens dans ce final.


L'autre énorme atout du film consiste en ses acteurs. Dans un film si méticuleux ils montrent leur talent, dépassant leurs personnages pour incarner les hommes eux-mêmes. On ne voit plus Tom Hardy, ni le personnage de John Fitzgerald, je vois vraiment un trappeur avide d'argent, un trappeur sans remords prêt à tout pour protéger sa vie. Di Caprio est bien évidemment génial et pour tout ce qu'il a subi durant le tournage il méritait encore davantage son oscar. Bonne interprétation pour Domhnall Gleeson qui réussit à exister auprès des deux figures principales.


En conclusion une énorme claque visuelle qui transporte totalement, un film qui fait honneur au septième art dans tous les domaines et impressionne par sa maîtrise, un chef d’œuvre de survie dans une Amérique sauvage. Bien qu'il traite des sujets connus sans y apporter davantage de profondeurs, the revenant s'impose donc comme un très grand film et l'une des perles de cette année 2016.

WeaponX
9
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le 13 mars 2016

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