Il est enfin là, the Revenant, le film où DiCaprio ferme sa gueule et rampe vers son oscar sous la caméra d’Iñarritu, le nouveau roi des oscars techniques. Et peu importe ce qu’en dira la cérémonie de ce soir, ce film est un massacre.
L’histoire (vraie !) c’est celle de Hugh Glass, un trappeur américain qui, en 1823, pendant une retraite après une attaque indienne sur un camp de colons, se fait tataner la gueule par un grizzly, survit, se fait abandonner par ses potes, et décide de rentrer en rampant pour se venger. Une performance hallucinée de DiCaprio, qui a mangé de la viande crue, dormi dans une carcasse d’animal, s’est jeté nu dans les eaux glacés du Canada du Nord, pour offrir une performance démentielle.
Niveau casting on a aussi du Tom Hardy, qui cette fois parle à la place de DiCaprio, à qui il a laissé les grognements de son personnage dans Mad Max. Pour résumer, même si DiCaprio les coiffe au poteau, les autres acteurs sont tous excellents.
Mais la vraie tuerie de ce film, c’est Iñarritu et son chef op Lubezki (le monsieur de Birdman, de Gravity, de Terrence Malick), qui enchainent les plans parfaits. Ca va du simple plan de coupe montrant la nature, que ce soit la cime des arbres, les paysages gigantesques ou des détails de cette région déserte, au plan-séquence survitaminé, rappelant bien souvent le jeu vidéo (l’attaque des indiens sur le camp en plan-séquence avec une caméra qui va partout), et qui se trimbale pour nous montrer l’action ou même le paysage alentour. Cette caméra vole. Elle filme en grand angle, tout d’abord pour se rapprocher au maximum des comédiens qui la teintent de buée, mais aussi pour capter le plus possible ce qui l’entoure, ce monde d’indien qui n’aura jamais été plus crédible. Les flèches transpercent et font mal, les décors, les accessoires, les constructions sont réelles. Tout est réel : la performance, l’image…On est dans l’action, on est avec lui, on est lui.
Et, défi ultime, tout le film, c’est à dire les 2h36 de film, sont filmées en lumière naturelle. Et ces lumières, elles envoient du canard laqué sur Pluton. Iñarritu n’a filmé qu’à l’aube et au crépuscule, dans des lieux naturels situés à 4h de route du camp, et s’il n’avait pas la bonne lumière, il ne filmait pas. The Revenant c’est aussi l’histoire d’un tournage qui a duré 9 mois au lieu de 80 jours, d’une épopée au cœur de la neige, où le réal et le chef op se barraient tous seuls pour filmer la forêt, attendaient qu’il neige comme il faut.
Un tournage apocalyptique qui accouche d’un pur produit de cinéma, une expérience marquante et violente, une performance de dingue pour DiCaprio, des plans séquences toujours plus aboutis et riches, une violence sauvage, et une lumière magnifique. Du coup, ça ne plaira pas à tout le monde. C’est long, ça prend son temps, c’est pas fun…mais ça tabasse. L’histoire d’un homme qui redevient un animal. L’histoire de l’animal qui sommeil chez l’homme.

Créée

le 28 févr. 2016

Critique lue 241 fois

1 j'aime

Critique lue 241 fois

1

D'autres avis sur The Revenant

The Revenant
Fritz_the_Cat
8

Marche funèbre

Ce n'est pas très conventionnel, mais commençons par une mise au point entre rédacteur et lecteurs : je fais partie des rares personnes qui n'ont pas aimé Birdman, le précédent travail d'Alejandro...

le 25 févr. 2016

173 j'aime

41

The Revenant
Peaky
9

Immersion totale.

Passé l’exercice de style, accompli avec un brio rafraîchissant et sans précédent, de Birdman, Inarritu revient avec une œuvre, toute aussi maîtrisée, mais plus complète. Dès l’une des premières...

le 28 déc. 2015

114 j'aime

18

The Revenant
Gothic
7

Die Hardy: with a Vengeance

Pfiou ! Quel après-midi mes aïeux ! Je dis ça mais je n'ai pas la moindre idée de l'âge moyen de mes chers lecteurs. Tiens, en voilà une question qu'elle est bonne ! Quel âge avez-vous, chers...

le 28 févr. 2016

101 j'aime

31

Du même critique

Mad Max - Fury Road
AlexandreGibier_Verr
9

WHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAT A DAY! WHAT A LOVELY DAY!!!

J'avais dit qu'Avengers 2 était le divertissement ultime? Ben Mad Max, c'est le divertissement suprême! Là où Avengers te faisait plaisir et te ménageait, Mad Max te viole et te roule dessus. C'est...

le 22 oct. 2015

4 j'aime

1

The Eye
AlexandreGibier_Verr
7

Critique de The Eye par Alexandre Gibier Verrier

J'avais dit que le remake américain était pourri... je maintient, et je vous encourage à regarder la version thaïlandaise originale, qui prouve qu'un bon scénar ne fait pas forcément un bon film. Il...

le 22 oct. 2015

3 j'aime