Tout ça pour un oscar…

Et si ça se trouve ils pensaient lui offrir à titre posthume ces cons. S’il est vrai que ce n’est pas le film le plus marquant de l’année, et que l’on aurait préféré voir notre Léo vainqueur pour d’autres performances, c’est ne pas avoir une grande estime de ce dernier que de penser qu’il ne méritait pas l’oscar pour autant. Car si le film peut être considéré comme grandiose, une part non négligeable en revient aux différents jeux d’acteurs, y compris et grandement à celui de Di Caprio.

The Revenant n’est pas le film sidérant et époustouflant que l’on était en droit d’attendre. En réalité son scénario est assez convenu et peu innovant. La manière dont il est traité est tout à fait acceptable mais manque considérablement d’impact. L’histoire est trop prévisible, il y a très peu de suspens en dehors de la première partie du film et c’est clairement la grande faiblesse de celui-ci qui peut pourtant se targuer d’un bon casting. Le héros ainsi que ses comparses dans une moindre mesure, ont passé l’intégralité de l’histoire sur le fil qui les retient au dessus de la mort. Glass (qui n’a pas sonné pour lui), le héros interprété par Léonardo, en est même littéralement revenu, de la mort. Et alors qu’on devrait se demander pendant deux heurs et des brouettes quels sont les personnages qui vont s’en sortir, au final on ne fait que se demander quand est-ce que le héros va enfin réussir à prendre sa vengeance. C’est un sentiment extrêmement frustrant car on ne fait qu’attendre impatiemment le suspens sans jamais vraiment le ressentir. Même lors des scènes d’action, l’issue de chaque combat paraît évidente d’entrée de jeu. Il n’y a qu’en de rares exceptions (une seule en fait) qu’on peut se demander si tel personnage ne sera pas exécuté juste pour la beauté de la chose ou s’il parviendra lui aussi à voir le générique de fin. Et ce n’est même pas le héros qui est à l’honneur durant cette scène. C’est un peu dommage quand on voit à quel point la mise en scène est d’une virtuosité peu égalée.

C’est là qu’on ne peut que s’incliner face à un film aussi imposant. À dire vrai, nous n’avions peut-être plus vu de paysages aussi beaux depuis la trilogie du Seigneur des Anneaux et ses terres de Nouvelle-Zélande. Quand on sait qu’Inarritu a filmé quasiment l’intégralité de son long métrage en décors naturels, nous n’avons d’autres choix que de saluer cette performance visuelle avec respect, car oui, le naturel, quelque fois, ça fait du bien aux yeux. Mais il n’y a pas que les décors, les costumes et le maquillage qui sont impressionnants et qui rendent cette histoire si percutante. Il y a aussi la mise en scène, ses cadres et ses plans séquences. Et là, force est d’admettre que nous avons un maître en la matière ! Si l’histoire en elle-même peine à convaincre, tout le reste se charge du sale boulot. Difficile de rester de marbre face à une telle crédibilité visuelle. La nature même des scènes manquent d’impact mais leur réalisation y remédie, en partie. Et c’est aussi pour ça que la performance de Di Caprio n’a pas autant marqué les esprits des spectateurs que certains de ses films précédents.

Occupant 30% de l’espace internet depuis environ 5 ans avec ses innombrables memes, Leonardo Di Caprio accapare toutes les discussions et les pensées. Mais n’oublions pas qu’il y a Tom Hardy, Domhnall Gleeson et Will Poultier qui commencent à avoir une certaine notoriété. Même s’il est dur de briller face à l’étoile qui fut le roi du monde, il convient de dire que le jeu d’acteur global est excellent. Mention spéciale pour le jeune Jim Bridger (Will Poultier) dont le rôle est assez remarquable et qui ne démérite nullement sa prestation dans le film. Cependant, la raison qui fait que beaucoup considèrent comme injustifiée la victoire de l’oscar du meilleur acteur est tout à fait explicable. Le jeu de notre chouchou favoris semble effectivement beaucoup plus remarquable dans Django Unchained, Le Loup de Wall Street ou encore Gatsby le Magnifique. La différence tient du fait que la qualité de ces 3 films se constate précisément et en grande partie sur le jeu d’acteur. Ce sont des films dont la mise en scène, bien qu’excellente sur plusieurs points, n’éclipse jamais les performances des acteurs, et celles de Léo par expansion. Cependant, les siennes étant à chaque fois très impressionnantes, on se souvient quasi systématiquement de ses prestations. Hors ici, la mise en scène à totalement mis les performances d’acteur au second plan. Le visuel même des scènes et leur puissance marque tellement qu’il est difficile d’accorder autant d’importance aux personnages. Surtout quand ceux-ci semblent finalement très communs. On essaie vaguement de nous faire croire qu’untel ou untel possède un background intéressant, mais honnêtement, on s’en fout. Effectivement certains détails peuvent faire comprendre ce qui arrivera aux personnages plus tard ou pourquoi l’un préfère agir ainsi plutôt qu’autrement, mais en fin de compte c’est aussi ce qui fait que le film manque cruellement de suspens. Et pour combler le tout, ces éléments d’intrigue secondaires ne sont pas suffisamment intéressants ou pertinents pour qu’on y accorde une réelle attention. D’ailleurs pour en avoir la preuve, il suffit d’essayer de se souvenir des détails des personnages principaux pour rapidement constater qu’on les a oubliés.

Bref, cela fait longtemps que j’attendais de te voir gagner cette fameuse statuette et tu l’as enfin eue, tu la mérites amplement, y compris pour ce film et je pense que nous sommes nombreux à être fier de toi pour cette victoire Leo, bravo !