Explorant le côté sauvage et indomptable de la nature, avec non seulement ces paysages austères et ces chevaux inapprivoisés mais aussi ces êtres rustres et rugueux gouvernés par leur passion plus que par la raison, Chloé Zhao réalise un long-métrage surprenant d’authenticité, de justesse et de réalisme.
Dans la lignée de Bresson qui refusait de nommer «personnages» ceux qu’il considérait ses «protagonistes», à qui il demandait non pas de jouer mais d’être, de ne pas penser à ce qu’ils doivent dire et faire mais d’être simplement eux-mêmes et avec qui le rapport relevait d’un «apprivoisement» et non pas d’une direction d’acteurs ou d’une mise en scène, Chloé Zhao n’engage que des non-professionnels et, les laisse semble-t-il la diriger, elle et ses scènes, son scénario et ses conflits, plutôt que l’inverse.
D’une grande maturité artistique dès son second long-métrage, Zhao a longtemps mûri son projet, l’a laissé l’épouser, croître tout seul, s’épanouir. Si bien qu’une grande liberté s’y ressent, et jamais la main du créateur, avec ces «protagonistes» qui prennent leur propre décision, optent pour leur chemin, réagissent à leur manière, bien qu’ils obéissent malgré eux à des tropismes et subissent l’influence du regard de leur société.
Un film incontournable d’une réalisatrice dont on entendra encore beaucoup parler.
7.5/10
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