The Spectacular Now : Contre-critique des critiques déjà faites

Je n'ai pas une grande culture cinématographique, je dois le reconnaître, et il m'est difficile de juger un film à la qualité de son scénario, du point de vue non plus du spectateur partial, sentimental et subjectif, mais du spectateur objectif, qui connaît le scénariste, ainsi que le réalisateur, et peut juger de leur performance.

Non, je n'ai pas une grande culture cinématographique, mais en lisant certaines critiques au sujet de ce film, il me semble que ceux qui en ont en abusent justement de trop. La morale de l'histoire leur échappe par ailleurs. Vous mélangez ces deux ingrédients et vous obtiendrez la recette du 3/10 fondé mais impertinent.

Mon manque de savoir m'aura sûrement donné un oeil plus critique...

Avant de voir une histoire romantique entre deux adolescents, j'ai en effet vu une histoire psychologique, celle d'un seul adolescent. Ceux qui déjà vous parleront d'Aimée, ceux qui penseront qu'il s'agit d'un personnage clé de l'histoire, ceux-là auront tort. Le seul, l'unique personnage clé de l'histoire, c'est bien Sutter, et juste Sutter. On le sent lorsqu'on tente un tant soit peu de vivre l'histoire de l'intérieur, de la vivre dans le personnage de Sutter. Que lui arrive-t-il à ce garçon de 18 ans? Il s'amuse, il s'amuse beaucoup, il n'est pas très bon à l'école, il rit tout le temps, il a une copine pour qui il a une forte attirance, non pas par amour, mais par amusement, pour l'histoire du sexe et du fun, de la vie au jour le jour. C'est un adolescent qui s'amuse et s'enferme dans l'illusion du bonheur, parce qu'au fond de lui, dans ce que Sigmund Freud appelait la vie psychique, au fond de lui, Sutter ne va pas bien. Il s'enferme dans l'illusion du bonheur parce que face à sa fragilité naturelle, son inconscient souhaite l'armer pour ne pas lui faire perdre la face, ni le goût de la vie. C'est une histoire psychologique, et non une histoire d'amour. Aimée n'intervient que pour vous faire comprendre cela : il tombe amoureux, c'est la première fois, et les trois premiers quarts d'heures, il vit encore dans le présent, persuadé qu'il ne passe du temps avec cette jeune fille que pour "l'aider", mais elle, elle va beaucoup mieux que lui, elle s'adapte mieux. Sa vie est difficile certes, mais elle ne souffre pas, elle sait ce qu'elle veut, elle sait qui elle est, elle se donne à lui, à tout moment, du début à la fin, elle pense à son avenir, bref, ce n'est pas un personnage clé, c'est un personnage intermédiaire. Pourquoi peut-on penser que le scénariste l'a appelé Aimée? Justement pour marquer la césure entre le monde amusant de Sutter (très imagé par le personnage de son ex petite amie) et le monde plus sérieux, celui à la rencontre duquel il s'en va, et il découvre les drames de son inconscient : une vie de gosse qui ressemble fortement à celle d'un père absent et qu'il finit par mépriser.

Bref, une histoire psychologique.

Ceux qui veulent de l'amour : passez votre chemin. Ceux qui veulent du divertissement : passez votre chemin. Ceux qui veulent passer une aprem tranquille à regarder un film simple : passez votre chemin.

C'est plus qu'un film « simple ». C'est l'histoire d'une conscience, et pis encore, d'une conscience fragile et diminuée qui se fait croire à elle-même qu'elle est des plus fortes. C'est donc l'histoire d'une conscience troublée et qui part à la recherche de son mal-être pour tenter de se comprendre soi-même. Et ce n'est pas parce que c'est l'histoire d'un adolescent qu'il faut diminuer la note, exagérer la critique, se dire « oh, encore un film pour ados à la sauce sentimentale ».

C'est une histoire de tout âge, et les émotions sont parfaitement retransmises par un casting qui me semble professionnel et talentueux. Ce n'est pas « nian-nian », et ceux qui voient également en ce film une romance sentimentale mêlée à une mélancolie douce se trompent. Le personnage se découvre et tente de se comprendre, il est naturel, il est sincère, il n'est jamais dans la demi-mesure et jamais exagéré. Voilà ce que l'on vous présente.


J'attribue donc un 9/10 à ce film. J'enlève un point parce qu'il est dur de le regarder à toute heure de la journée, et à tout moment dans l'année. Lorsqu'on le comprend en profondeur, il a beaucoup de sens, et il vaut mieux être dans un moment joyeux de la vie que dans un moment de remise en question.
spleenoza
9
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le 20 juin 2014

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spleenoza

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