Palme d’or ou pas, la bande annonce pêchue savait intriguer le chaland ; mais on sait que quand celle-ci est autant décousue, c’est que le film derrière est parfois difficile à comprendre dans ses enjeux. Pourtant malgré un film justement décousu, The Square se targue d’avoir plusieurs niveaux de lectures, gageons donc que c’est pour cet argument que le film est primé, et non pour rassurer un jury qui a du fortement se reconnaître dans l’hypocrisie du film.
Le bon angle est d’utiliser la comédie pour faire la satire de notre société, en cela The Square excelle à multiplier les différences ente un vol de portefeuille, une campagne de pub et une œuvre d’art ; le film parvient à faire sourire tout en appuyant là où ça fait mal. Bien évidement The Square assène des vérités mais malheureusement appuie parfois trop lourdement sur le point. La subtilité manque dans de nombreuses scènes ; et la réalité se confond alors avec l’absurdité, si bien que le spectateur y perd de l’intérêt. En dénonçant nos vies bien calibrées dans nos cercles de confort, le réalisateur parvient à retourner le miroir de nos sociétés aux antipodes de l’hypocrisie, pourtant bien utile.
The Square se perd dans sa deuxième partie, se traînant dans des longueurs inutiles et des explications à la limite de la naïveté alors que jusque là l’implicite fonctionnait très bien.
Du coup le film perd la saveur de son point satirique, versant non élégamment dans la critique facile. C’est à se demander si la Palme d’Or ne fut pas remise pour asseoir l’autodérision du jury ; car le comique de situation a aussi besoin d’un scénario pour être cohérent. Décousu je vous ai dit, décousu.