"The Strangers" est le troisième film de Na Hong-jin, après l’excellent policier "The Chaser" et le sympathique thriller "The Murderer".
Le film raconte la descente aux enfers d’un policier et de son entourage après l’apparition de phénomènes étranges dans sa petite ville de campagne, phénomènes auxquels ne serait peut-être pas étranger un mystérieux immigré japonais.
On remarquera tout d’abord un très beau travail de photographie, en intérieur comme en extérieur, sublimant les paysages ruraux (forêts, falaises, routes de campagnes) comme les intérieurs les plus glauques (le film comportant des images assez dures). Ce travail de photographie n’est pas sans rappeler celui observable dans les autres réalisations coréennes arrivant de plus en plus fréquemment sur nos écrans, les plus connues étant les films de Bong Joon Ho ("Transperceneige" mis à part). Cela permet d’installer une ambiance oppressante pendant toute la première partie du film, tout comme la bande originale, qui bien que franchement oubliable, remplit son rôle.
Reste que le film est beaucoup trop long, et aurait gagné à perdre au moins trois quarts d’heures (le film dure environ 2h40). En effet, le message du film, ou tout du moins la démonstration qu’il opère, peut déjà trouver sa conclusion à la fin de la première partie, qui, bien que n’étant pas exempte de tout défauts, a au moins le mérite de ne pas être totalement insupportable. Car oui, a-t-on besoin de le préciser, la durée très importante d’un film n’est jamais un défaut en soit, comme nous l’ont montré de nombreux excellents films. Il n’en reste pas moins que tenir en haleine le spectateur sur 2H30 ou plus est un exercice très difficile, que n’a apparemment pas su maîtriser le réalisateur (qui est d’ailleurs aussi le scénariste).
Le principal problème du film est son manque de subtilité, auquel s’ajoute bizarrement une certaine confusion. En effet, si le film tente de laisser place à plusieurs interprétations possibles de son scénario, d’énormes indices désignent une seule de ces interprétations comme la bonne. Cela peut être un choix possible pour le réalisateur, mais il ne devrait alors pas donner la possibilité d’interpréter le film différemment. Si le film n’avait été constitué que d’une seule partie, ce problème aurait été mineur. Malheureusement au début de la seconde partie intervient le principal indice, car il rappelle au spectateur de nombreux éléments mentionnés tout au long de la première partie. Mais ce n’est pas grave, le réalisateur va tout de même tenter tout au long de cette dernière partie de brouiller les pistes en mettant tout un délire lourdingue incluant notamment des citations bibliques et un montage s’accélérant progressivement. Seulement, toute cette partie, qui transforme donc la salle de cinéma en prison où le spectateur attend la fin de sa peine, est totalement désamorcée par la révélation citée précédemment. Un peu comme si, dans une nouvelle de Conan Doyle sur Sherlock Holmes, après que Holmes ait rassemblé tout les indices et les ait énoncé à voix haute, Watson se disait « Et si… » et commençait une seconde enquête pour inculper un suspect innocenté par Holmes.
Le jeu des acteurs a de quoi laisser dubitatif, la seule performance impressionnante étant celle de la petite fille. L’interprète du personnage principal, qui n’avait eu droit qu’à un rôle de figuration dans "The Murderer" (ouf), nous livre ce qui me fait penser à une grossière caricature de la performance de Song Kang-ho dans son rôle de père débile ("The Host").
Au final, "The Strangers" a été pour moi une vraie déception, égalant presque celle ressentie au visionnage de "Dune". Je ne conseille donc pas d’aller le voir au cinéma, où il n’a pu pénétrer, à mon avis, que grâce à la popularité récente des films coréens.