Salut. Alors, au risque de paraître quelque peu blasphématoire ou déplacé, mais Crom sait que j'm'en bats les tentacules, je vais commencer directement par l'aveu qui fâche : Je viens de voir ce film et je l'ai bien aimé.


Pour expliquer cet immondice que je viens d'écrire, j'vais décortiquer tout ça en trois parties (si si).


1 : Prendre le film comme ce qu'il est, à savoir le remake du remake de l'original (ce que j'ai essayé de ne pas faire).


Dans ce cas, dès le départ, on ne cesse d'accumuler les clins d'oeil, reprises, références au précédent tout au long du film en accusant le poids du regret et de la disgrâce scénique. On regrette les acteurs du précédent, la mise en scène du précédent, le climat étouffant anxiogène du précédent, l'épuration du précédent, l'efficacité en tous points du précédent, et encore une fois, les acteurs du précédent.
Permettons nous un aveu un brin misogyne, Mary Elizabeth Winstead (par ailleurs ironiquement l'une des pouffiasses qui ont eu à faire avec ce brave Kurt dans Death Proof quatre ans plus tôt) n'a pas la carrure d'une héroïne ni la prestance d'une meneuse, et ce, même si on fait l'effort d'oublier son illustre prédécesseur, on reste à des années lumière d'une Linda "Connor" Hamilton ou d'une Sigourney "Ripley" Weaver. Nan, là c'est dans la pure mouvance du film de genre actuel, une bonasse un peu gourde qui, si elle joue bien, c'est indéniable, garde l'allure de jeune première d'école de médecine et ancienne miss pompom girl de son lycée sous ses traits rosés et son sourire timide d'un air de "mais qu'est-ce que j'fous là ?".
On regrette aussi la musique qui est soit reprise sur celui de 1982 comme le faisait l'infâme PredatorS, soit n'est qu'ambiance conventionnelle du genre. Et on continue tout au long du film à cracher sur les remakes (j'aime bien faire ça moi, aime bien) en disant que c'était mieux avant. Et on a raison, c'était mieux avant.
Je pourrais disserter pendant des heures pour expliquer en quoi The Thing de 82 était un excellent remake de "La Chose d'un autre Monde", parfait, presque "nécessaire", à l'identité propre indiscutable et la relecture d'un profond intérêt, se servant d'un matériau d'origine pour faire éclore une perle du genre, se permettant d'élever un film de série B au rang de chef d'oeuvre toutes catégories, à l'image de "La Mouche" de Cronenberg. Ça me permettrait d'embrayer sur ce The Thing de 2011, qui est à contrario l'exemple typique du remake dispensable, pour ne pas dire totalement inutile. Le film de Carpenter a hissé l'histoire de Christian Niby et Howard Hawks sur un panthéon indémodable, et on aimerais bien d'avantage une ressortie ciné que quelconque révision d'une oeuvre parfaite.
The Thing de 2011 est un film qui génère en lui même une haine refoulée envers une industrie cinématographique en mal d’originalité et qui s'emploie à saccager sauvagement les joyaux de sa couronne.


2 : Prendre le film comme un film différent, nouveau, original (ce que j'ai essayé de faire au bout de quelques minutes)


Autant l'avouer directement, c'est très difficile pour ne pas dire totalement impossible. The Thing semble passer son temps à s'acharner à te rappeler d'où il s'extrait comme une larve sortant de son cocon moite, tout chaud, grouillant et suintant. Mais l'effort est intéressant à faire, ou important, je ne saurais trop quel mot choisir ici. Pourquoi ? Parce que contrairement à beaucoup de remakes qu'on a eu ces derniers temps, démolissant leurs modèles dans la cupidité et l'hypocrisie, ce film fait preuve d'audace, d'inventivité filmique à défaut d'être original. Si nous avons grosso-modo là un calque de son prédécesseur dans son concept et son histoire, il a le mérite de rester dans son rôle d'hommage aussi modeste que créatif, sortant une panoplie d'effets spéciaux relativement réussis, qui, s'ils s'avèrent inutiles en comparaison de ceux de 82, gardent la tête haute face à leurs concurrents actuels. Mélangeant animatronics et images de synthèse pour un résultat parfois bancal mais souvent savoureusement surprenant, le film sert quelque chose d'honnête, de franc, de passionné et de totalement improbable pour une production de ce genre si souvent blindé de numérique fluo, en bref, quelque chose de réussi. Et alors, pour peu qu'on réussisse ne serait-ce que 5 minutes à oublier le film de 82, on a droit à quelques scènes qui font franchement leur effet et qui rappelleront aux plus férus du genre quelques autres films comme Deep Star Six, Un Cri dans L'océan, Leviathan et même Aliens le Retour, l'ensemble restant un très bon moment de série B de monstre tout à fait jouissif et dégoulinant de fiévreuse générosité.


3 : Prendre le film comme un film différent bien que remake inutile du remake de l'original. (chose que j'ai fini par faire, malgré toute ma bonne volonté pour ne pas accumuler les comparaisons, mais faut pas déconner, c'est juste impossible)


PUTAIN QU'ILS FONT CHIER. Les types de chez Image Engine ou je n'sais trop quoi fournissent un boulot amoureux, dévoué, enthousiaste pour créer du monstre plein de dents, de griffes et de tentacules en veux tu en voilà, c'est souvent étonnant, parfois bluffant, bourré d'espoir dans un renouveau du monde de l'effet spécial, et BORDEL, il faut que ce soit pour une connerie de remake... Sérieusement, ça m'emmerde, tu me sors un tel arsenal de passion créative pour un scénar original et je mets un gros 8 direct... (j'en demande pas des masses bordel de merde, tu me mets des gros monstres baveux dans une bourgade qui attaquent des gens et c'est marre.) (Tremors je t'aime <3 ). Et t'as envie putain, t'as envie d'oublier d'où ça vient ! Tu veux profiter de ce trésor au royaume du tout numérique ! Mais nan ! Tu peux pas putain TU PEUX PAS !! Parce que t'es un fan de la première heure du film de Carpenter... et qu'au fond, ça t'emmerdes bien cette mode de merde de tout refaire...


Tsss... Tu sais que j'ai failli mettre 7 à ce film juste pour sa toute fin ? Pendant le générique ? Qui est juste le meilleur hommage à son modèle qu'un remake ait jamais fait...

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le 29 sept. 2013

Modifiée

le 29 sept. 2013

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zombiraptor

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