On savait Hossein Amini funambule, capable du meilleur comme du pire, de Drive à Blanche-Neige et le Chasseur ou même, au sommet du néant et de la parodie, 47 Ronins. On ne le suspectait pas pour autant capable d'une telle tiédeur, de surface comme de profondeur, alors que tout, dans The Two Faces of January, adaptation sans passion de Patricia Highsmith, respire l'extinction de la flamme cinématographique, des décors de carte postale aux interprètes de papier glacé. Le postulat, pourtant, hurlait cinéma : l'itinéraire d'un jeune guide américain, expatrié en Grèce, croisant le chemin ombrageux d'un couple de richissimes touristes, de toute évidence en cavale, a, sur le papier, tout l'attrait nécessaire au tissage d'une belle intrigue policière. Mais rien ne vient concrétiser la tension indéfiniment latente de ce road-movie élastique (i.e, qui s'étire à l'infini), où le charnel n'affleure jamais, au point de faire douter du magnétisme de Kirsten Dunst, pourtant inlassablement souligné par le scénario, et où les rivalités intestines ne prennent jamais corps. Difficile de ne pas penser, confronté au face-à-face désincarné entre les pourtant impeccables Oscar Isaac et Viggo Mortensen, à l'adaptation récente de la Passe Dangereuse de Maugham, sous le nom du Voile des Illusions. Pétrie d'académisme elle aussi, elle parvenait néanmoins, à partir d'un simple adultère, à souligner avec une délectation proche de l'humour noir le déchirement d'un couple. Ici, à trois personnages, quelques meurtres, et plus encore d'arnaques et de faux-semblants, Hossein Amini se paie le luxe d'une tension quasi-nulle et de sa conséquence attendue : l'ennui le plus poli. The Two Faces of January n'est pas pour autant totalement dénué de charme, la reconstitution de kermesse allant de son petit effet, et le casting faisant régulièrement exploser le baromètre du charisme ; mais la corde du glamour y est à ce point tendue qu'elle en étouffe toute créativité, pour ne déboucher que sur une superficielle bobine d'arrière-plan, une adaptation sans risque, sans audace, et donc sans intérêt.