Un polar féministe sanguinaire et esthétique

Présenté et projeté en « séances de minuit » au Festival de Cannes 2017, "The Villainess" de Jeong Byeong-Gil ("Confession Of Murder") est un polar féministe sud-coréen musclé et sanguinaire.


Voilà encore une fois, un film asiatique qui propulse les femmes au rang des héroïnes, violentes, intelligentes et sournoises. Elles sont sublimes, exotiques et séduisantes, mais ces fleurs aux visages et aux corps affriolants ne gardent pas leurs poings dans leurs poches. De leur douceur et fragilité apparente, elles savent pourtant tirée une force de caractère à toutes épreuves et un mental d’acier. Elles deviennent explosives, puissantes, terrifiantes et destructrices.


"The Villainess", a pourtant des airs de déjà vu en Europe, puisque le scénario rappel sans mal, celui du film "Nikita" de Luc Besson. Pourtant, le film est traité de manière totalement originale. Les premières minutes vous plongent en immersion complète dans l’œuvre et c’est assez plaisant. On se retrouve littéralement dans la peau de l’héroïne en train de flinguer une multitude de mecs aux visages peu sympathiques et armés jusqu’aux dents. Les plans de caméras suggèrent que le spectateur est lui-même, en train d’affronter dans une extrême violence et à travers plusieurs décors bien travaillés, des dizaines d’hommes prêts à en découdre. Le sang jailli dans tous les sens, armé ou à mains nues, vous progresser dans une mise en scène efficace et remarquable, on s’y croirait.
Puis, on s’immerge en retrait, à travers l’intrigue du film. En suivant le parcours et le destin de cette héroïne qui nous à procurer quelques minutes de sensations fortes.


Techniquement, c’est incroyablement maîtrisé, on apprécie cette habileté du premier quart d’heure, qui propose un étourdissement fulgurant. L’esthétisme est en plus très soigné, arborant décors sophistiqués et lumières éclatantes, pluies, ombres et jets d’hémoglobines. On en prend franchement plein la vue. Mais est-ce tout maîtrisé, pour autant ?
En ce qui concerne l’action, pas de doutes, les mouvements et placements de caméras proposent un divertissement badass, bourrin et bouillonnant dans une fluidité exceptionnelle. Tout semble parfait jusqu’à une scène de baston armée et à moto plutôt jouissive, mais qui parait totalement surréaliste. Hormis cette scène décalée, les affrontements procurent de véritables moments d’énergie communicative et complètements délirants.


Avec son rythme effréné, "The Villainess", oublie pourtant l’essentiel, appliquer plus de qualité à l’écriture du récit. Car si l’intrigue est claire, elle s’avère tout de même très commune et assez mal cousue. Tout l’intérêt ou presque de l’œuvre, se porte pour le coup sur l’incroyable efficacité technique, véritablement stimulante !
Au casting, nous retrouvons Kim Ok-Bin (Thirst, ceci est mon sang), Kim Seo-Hyung (The City of violence), Jo Eun-Ji (Confession of Murder), Shin Ha-Kyun (J.S.A.), Jeong Hae-Gyoon (Confession of Murder) ou encore Park Chul-Min (Monster)…


Pour ma part, je suis assez fan de ces productions asiatiques qui animent avec rythme et violence, la noirceur insoupçonnée de la jante féminine. Par exemple, les films de la comédienne japonaise Meiko Kaji ("Le Femme Scorpion", "Lady Snowblood") sont de véritables références cinématographiques, pour moi. Mais surtout, je suis fasciné par l’avance que l’Asie semble avoir sur le reste du monde, en mettant à travers son cinéma, les femmes à un tel niveau de domination. On ne les cantonne pas seulement à des rôles d’épouses ou autres ménagères, romantiques et délicate. Là, on leur donne les pleins pouvoirs, la force physique, mentale et le machiavélisme dont elles sont autant en possession que les bonshommes. Et franchement, ce n’est pas que j’aime être dominé, mais c’est véritablement plaisant de découvrir cette rage féminine, si discrète habituellement.


"The Villainess", est donc loin d’être un chef d’œuvre dans son ensemble. Mais c’est un petit plaisir coupable qui a su me séduire, par son entrain, sa classe stylisée, ses chorégraphies et son immersion. Dommage que le récit n’est pas eu la stature espérée, toutefois, le divertissement est vraiment séduisant, fou et violent !


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le 2 avr. 2018

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