"Alors, Carpenter, dites nous quelle est la recette pour sortir un film à succès."
"Faut se plaindre à chaque fois qu'on fait un film qui marche pas, et donner l'impression qu'on était un incompris"
"Vous nous prenez pour des c*** !"


Affirmatif, The Ward est le pire film de Carpenter, certains aiment donner le fardeau à Ghost of Mars juste à cause de son côté Kitsh et bourrin. Je pense quand même que The Ward réussit à leur couper tous l'herbe sous le pied avec son style stéréotypé et son ambiance misérable.
On est dans les années 60, quoi de mieux de partir dans le passé pour essayer de donner un autre visage de la médecine, sauf que ça ne marche pas. La transposition dans un autre contexte ne sert strictement à rien dans l'histoire, ça aurait pu se passer avant la seconde guerre mondiale ou même durant les années 90.


Partir dans les années 60 revient juste à amener à l'écran les électrochocs et de cette manière, effrayer le spectateur. C'est pitoyable de la part de Carpenter de nous servir des stéréotypes réchauffés par des dizaines d'années de cinéma, pour en plus faire un film qui va s'imbriquer dans la lignée des films d'horreur d'aujourd'hui. J'édulcore mon propos mais ce qui différencie ce film à d'autres, c'est l'usage un peu moins outrancier des effets spéciaux numériques.
Les clichés vont bon-train, avec une surveillante stricte comme la mort, au visage présageant une sévère punition. Au moins ça peut donner à l'actrice l'occasion de mal jouer en arborant toujours le même visage, comme quoi il ne suffit pas de jouer l'infirmière Mildred pour se faire un personnage.
Idem pour l'autre garde soignant qui réussit à ne pas ressortir le vieux cliché des gardes brutaux et sans âme, même si ce dernier balance une petite phrase ridicule à l'oreille de l'héroïne "Dors bien Cocotte". Le scénariste n'a pas pu s'empêcher de faire un retour à l'envoyeur dans toute la grâce des années 80, "Toi aussi Coco", quand on a l'impression de toucher le fond, on est toujours agréablement surpris.Et on peut continuer sur toute une ribambelle de phrases qu'il faut balancer avant de mourir.
"Ne m’appelez pas Buster !"
"Je déteste les critiques !"
"Pour l'Amérique !"
"T'es qu'un con Gorman"
Bref, on a l'impression d'être à Juniper Hill Asylum sans y être. Les femmes emprisonnées sont toutes en train de faire leurs vies dans le salon ni plus, ni moins, et je dis bien salon parce que le budget n'a pas l'air d'avoir atteint des sommets. Voici les différentes zones qu'on voient dans le film (Bureau X4)(Cave X2) (Rez de chaussée X1)(Cour X1) (Salon X23). Pour en revenir au vif du sujet, l'ambiance est misérable, les femmes n'ont l'air menacées d'aucune manière, (alors je ne demande pas qu'on les persécute pour le plaisir du réalisateur, on n'est pas dans Sucker Punch) elles se baladent, arrivent facilement à se procurer tout ce qui est nécessaire pour s'échapper plus de 4 fois. C'est encore plus ridicule de savoir qu'elle est seule dans l’hôpital . J'ai lu des critiques sur ce film, et certaines personnes considèrent que l'ambiance est bien réussie puisqu'on a l'impression que le fantôme est toujours là, prêt à tuer une autre victime. Rectification, non, le fantôme est prévisible, on sait quand il va apparaître, les jumpscares ne sont pas effrayants, ni subtils (j'avoue tout de même que le dernier m'a surpris, même si ce dernier ne servait à rien, juste histoire de faire peur à la dernière minute, comme dans Phantasm.). On est loin du Carpenter de Halloween avec Michael Myers le possédé qui se déplace n'importe quand et n'importe où même en plein jour.
Évidemment, Carpenter est vieux et on sait qu'arriver à un moment on sucre les fraises en studio, j'ai quand même le regret de dire que l'argument du "trop vieux" ne marche pas tout le temps, Stanley Kubrick a d'après le monde fait un bon film avec Eyes Wide Shut. Vous en êtes sûr ?
Filmer des culs pendant 2 heures, il faut pas être Mozart pour le faire.
Je ferme les parenthèses, pour parler de la musique. Beaucoup de gens sur les critiques disent que la musique n'est pas incroyable mais c'est normal, Carpenter l'a pas faite.
J'ouvre une nouvelle parenthèse.
Pourquoi sa musique est-elle forcément bonne ? C'est pas parce qu'un réalisateur signe des musiques, qu'il est bon, regardez Clint Eastwood ! La plupart de ces bandes sons sont signés avec quelques accords pas trop compliqués sur le synthé (je suis pas musicien). Je ne dis pas que c'est de la merde en boîte, ces musiques installent une bonne ambiance pour le film (typiquement années 80), New York 1997, Invasion Los Angeles, et Halloween. Pourtant, il est regrettable d’apercevoir les mêmes rythmes s'installer de manière prévisible à chaque moment. La musique de The Thing est un peut trop molle à mon goût (la fin est un peu plus vive, mais je n'en ai aucun souvenir), grosse parenthèse (sur ce film on peut assister à une bataille entre deux personnalités adulées, Ennio Morricone et John Carpenter, devinez qui c'est qui gagne ? Ennio ! Le méchant Carpenter, il a adouci la merveilleuse musique de ce maître de la musique). Celle d'Assaut est assez bien même si maintenant je ne me rappelle plus du rythme. Et enfin pour Fog, ou plutôt Halloween devrai je dire ?
Fermons cette parenthèse, la musique de The Ward est juste oubliable, des chœurs de voix féminines ? On se croirait dans un mauvais, ou dans un bon Tim Burton !
Dernier point que je voulais aborder, la fin. Pourquoi ce film mérite 1 sur 10 ?
Reprendre le même scénario que Identity, c'est un crime. Ce dernier arrive à imposer une ambiance particulière dès le début, bien meilleure que The Ward, un tueur en série arrive dans un procès, et la minute suivante on suit les péripéties de personnages dans un motel perdu au milieu de nulle part, appuyées par une très bonne musique signée Alan Silvestri.
Bien sûr, beaucoup de scénarios se ressemblent dans le milieu du cinéma, (parfois un peu trop, Avatar), on peut leur laisser une chance de se développer et de nous enchanter d'une manière différente. Malheureusement, la fin de the Ward est juste posée là de manière anecdotique, si je regarde le film une seconde fois en ayant connaissance du twist final, rien ne me sautera aux yeux "Oh tiens, il a fait ça parce qu'il pensait que" "Oh on peut voir aussi qu'il savait que" etc etc...
Le film n'a pas été étudié tout du long à l'instar de meilleurs exemples Les autres, le sixième sens, ou Usual Suspects.
Si Carpenter a utilisé ce tournant scénaristique, ce n'est uniquement pour reprendre ce petit côté intelligent, et aussi peut être de suivre la mode des Shyamalan ou celle de Shutter Island.


Finalement, ce film reste bien réalisé, mais calamiteux du fait de son scénario qui se veut complexe. Les actrices jouent des personnages ancrés sur une personnalité en particulier, donc elles exagèrent au maximum leurs caractères, "je suis une rebelle" "je suis intelligente car j'ai des lunettes" "je suis si fragile". Je parlerai pas de leurs coiffures années 2000, et leurs maquillages toujours présents dans un hôpital psychiatrique, L'échange était plus vraisemblable mais beaucoup plus bourrin.
Sans parler des scènes Flashbacks, au nombre de 2, qui sont mal raccordées au reste du récit.
J'espère en tout cas que c'est la dernière absence de John Carpenter, il n'arrête pas de chialer à chaque fois qu'un de ces films ne marchent pas, et pourtant, parfois c'est méritée.
Mieux vaut qu'il continue à faire de la musique, c'est juste un conseil pour le maître de l'horreur.
Don't beat around the bush, John !

Diegressif
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le 22 juil. 2017

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Diegressif

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