Dur de parler de ce film qui à chaque visionnage remue en moi quelque chose de très émotif.


Pour moi Aronofsky a réussi en 1H45 à traiter avec tendresse et justesse nombres de sujets aussi indispensables que dur à cerner.


Et tout ça au travers du personnage de Robin alias The Ram, un catcheur à la peau burinée par les années et à la vie aussi mouvementée que triste.


The Ram est nostalgique, d'une époque passée, d'un triomphe qui était sien, jadis, dans ses si chères années 80's, les "vraies" années Rock'N'Roll. Ses heures de gloires, ses minutes passées au cœur du ring à se maraver contre l'Ayatollah en cette année fatidique de 1985 devant 20 000 personnes et plus d'1 millions de téléspectateurs. Pour rappeler après chaque atémi que le rêve Américain est bien réel, que la gloire est éternelle mais que l'on ressent son éternité seulement sur la troisième corde, prêt à abattre ses espérances.


20 années plus tard, il n'est plus qu'un vieux débris à la dérive dans une marrée d'amertume. Il essaye de se débattre de toutes ses forces avec des boulots en supermarché et des combats de secondes zones, de rappeler à tout le monde qu'il a été quelqu'un, une vedette, tout ça pour mieux oublier quel père médiocre il a été par le passé.


Un jour après un combat particulièrement sanglant, comme le combat de la Vie, stoppé dans son élan par un arrêt cardiaque, le retour sur terre est immédiat. Seul sans sa passion, seul sans ses supporter qui ne restent que des silhouettes inhabitées dans sa vie, son unique réconfort reste une danseuse de charme qui comme lui est en "fin" de carrière.
Cette relation salutaire et un peu venimeuse lui permet de se rapprocher de sa fille qu'il a quitté jadis.
"je ne peux plus être un héros dans le cœur de mes fans car je ne peux plus combattre, je ne peux plus exercer et m’exalter dans ma passion, peut être puis-je le devenir dans le cœur de ma fille, ma chère fille qui n'a pas méritée mon abandon, qui n'a rien méritée mais qui a subit, un peu comme moi avec le catch. Un jour j'avais tout, la jeunesse, la reconnaissance, l'amour et le lendemain j'ai tout perdu", se dit le pauvre vieux qui veut continuer à vivre à travers l’œil des autres. Il n'y a pas de mal à ça!
Il se demandait si comme toutes ces émotions ressenties sur ce ring, si la vie n'était pas qu'un vulgaire spectacle, du fake comme ce sport qui lui était si chère. Il voulait sentir véritablement une émotion lui parcourir l'échine, lui dresser les poils.


Le pauvre homme, je veux dire l'humain, non...Plutôt The Ram n'avait pas prévu que le cœur humain était plus difficile à conquérir que des fans ayant payés 20 dollars pour regarder ton show, non le cœur humain est complexe, il se rappel, comme le fan mais plus souvent des mauvaises choses que des bonnes. Quand on aime vraiment, on est exigeant. Ses travers de père et d'homme perdu le rattrape, perdant à cet instant bien pire que son honneur déjà abandonné en prenant sa retraite sportive. Il perd l’absolution, le pardon, il gagne le remord éternel et l'indifférence de sa fille. Pire que la haine, L'indifférence! THE BAD GUY, THE GOOD GUY il a connu ça dans sa carrière, il fallait appartenir à un camp sinon l'on existais pas. Transparent il était devenu auprès de sa famille, Lumineux il voulait redevenir auprès de ses fans.


Reprenant sa camionnette, mettant les Gun's à fond, les années 80 il voulait les ressentir à nouveau, une dernière fois, "j'emmerde mon cœur, il m'a trop fait souffrir pour lui prêter attention!"... Et c'est là qu'une lueur jaillit dans l'obscurité, cette femme, la danseuse qu'il aimes si fort veut lui rendre l'appareil, veut vraiment sortir de cette faillite émotionnelle mais lui, trop sous tension pour réfléchir, trop pressé de rappeler à son véritable amour, le public, qu'il restera à jamais dans leurs cœurs ou plutôt qu'ils resteront à jamais dans son cœur. Incapable de finir une nouvelle fois abandonner, il donne tout ce qu'il a, dans son dernier combat, son dur combat contre la vie, il ne veut pas abandonner. Mais ce qu'il fait en ce moment même est tout l’inverse de ce qu'il croit réaliser, Suplex après suplex, atémis après atémis, il ne se bat pas, il fuit...après avoir refermé la dernière porte qui lui avait été ouverte par cette charmante danseuse, il lève les yeux, debout surplombant ces trois cordes, il voit le vide. Quelles sont t'elles? La première, la plus fragile et la plus éphémère, la gloire, la deuxième, la confiance et la troisième, la plus importante, l'amour. Prêt a s'en éjecter, prêt a l'abandonner, prêt à l'auto suicide! L'homme s'élance, prépare sa prise ultime, son Clap de fin, son testament, son mensonge ultime, son gâchis, sa vie humaine abandonnée à jamais aux cris déchaînés de la foule...!

Anomalies
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le 15 juin 2016

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Anomalies

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