A chaque fois que je pense à « Timbuktu », je me rappelle ce mois de février 2015, durant lequel on me demandait mes pronostics pour les César. J'avais alors répondu « Timbuktu ». Je précise qu'alors je n'avais pas vu « Timbuktu ». J'en connaissais juste le pitch. Et il se trouve que j'avais vu juste. Comment ai-je fait ? Etait-ce de la simple chance ? Non. J'ai vu juste simplement parce que c'est ça la logique des César. Seul le sujet du film compte. Et savoir justement qu'un film comme ça a pu attirer l'attention de l'académie, pour moi ça dit déjà tout de lui. On n'aurait même pas besoin de voir « Timbuktu »pour savoir ce qu'il y a dedans. J'ai d'ailleurs fini par le voir, plus d'un an après son sacre et, effectivement, je confirme : tout ce qu'il y a dans ce film est un archétype de cinéma français tel que l'académie souhaite le promouvoir. Pas de surprise. « Timbuktu »est clairement formaté pour rentrer dans ce moule là. Encore un film qui ne raconte rien, qui le raconte platement au travers d'une forme que certains qualifieraient d'épurée mais que moi je qualifierais de pauvre. Les cadres sont certes propres, mais académiques, sans imagination. On se contente des bases. Pas d'innovation. Pas de créativité. Du basique au service d'un propos qui n'en est pas vraiment un. Pas d'histoire ou presque. On est dans la grande tradition de ces films qui se contentent de construire l'image d'un lieu et d'un moment selon les desideratas de la bourgeoisie mondaine du moment, sans relief ni dynamique. Alors oui, les djihadistes ne sont pas de vrais musulmans, ils empêchent l’art, la musique, la vie. Ils sont absurdes dans leur absolu. Ils sont même un peu bêtes et ridicules parfois. Ha ! Ha !... Et chaque scène de ce film n’a été pensée que pour illustrer l’une de ces idées bien doctes. On ne creuse pas la question. On ne pose aucune piste de raisonnement. Bref, on ne dit rien si ce n’est les bonnes pensées consensuelles qu’on entend déjà partout. Alors, c’est vrai, au moins Abderrahmane Sissako a-t-il le mérite dans son récital académique de faire l’effort d’un travail convenable des plans. Au moins n’a-t-il pas poussé le vice jusqu’à nous faire du Dardenne. C’est ce que lui vaut d'ailleurs sa petite étoile supplémentaire par rapport à la note minimale. Voilà donc de quoi satisfaire les académiciens des César. Tant mieux pour eux. Grand bien leur fasse. Mais bon – soyons sérieux deux secondes – peut-on vraiment se satisfaire de ça quand on entend apprécier le cinéma pour le cinéma ? Personnellement, je ne crois pas......