Pour quelques immortels, beaucoup doivent mourir

5 ans après son pamphlet cynique "Lord of War", le rare mais précieux Andrew Niccol revient à la fable d'anticipation et adapte littéralement les expressions "Courir après le temps" et "Le temps, c'est de l'argent".

Dans ce futur indéterminé et pour une raison inconnue (on en déduit que c'est pour éviter la surpopulation), le temps est en effet devenu l'unique monnaie courante de l'Homme, dont l'évolution s'arrête à 25 ans. Passé cet heureux anniversaire, son temps devient de l'argent et il devra travailler pour en gagner s'il veut vivre davantage. Mieux vaut éviter que le compteur sur le bras n'atteigne zéro, sinon c'est la mort instantanée.
Encore une fois, le scénariste imagine un pitch en or et en élabore toute l'infrastructure, ou quand une bonne idée, forte et toute simple, amène un univers riche mais sans prise de tête. Cet univers, très conceptuel et efficacement exposé ne manque pas d'humour dans sa description: voir Justin Timberlake appeler Olivia Wilde "maman" et lui souhaiter ses 50 ans a quelque chose de comique, et en même temps de sordide.

Les personnages, beaux et élégants, se débattent d'un carcan esthétique lisse et clinique qui, contrairement à eux, n'évolue pas. L'imagerie empêche les personnages de gagner en humanité malgré leurs efforts, ils manquent ici d'un certain naturel et semblent prendre constamment la pose dans une mise en scène intense, racée, posée voire même un peu rigide, mais en tout cas complètement classieuse, raffinée et harmonique, même dans les quelques éclats d'action.

Justin Timberlake confirme son talent et son charisme tranquille tout à fait adaptés au septième art. Tenant ici un rôle plus sombre et torturé que ses précédents tout en restant romanesque et très positif, la pop-star devenue acteur prometteur semble vouloir diversifier les genres et les rôles sans trop se prendre au sérieux.
Amanda Seyfried affirme une forte présence, agrémentée ici d'un look fashion/hype, et un physique envoutant et atypique qui change des standards et s'adapte parfaitement à la science-fiction. Il en va d'ailleurs de même pour Olivia Wilde qui n'a qu'un petit rôle, mais un petit rôle fort.
On a opté ici pour des acteurs beaux mais aux visages inhabituels, complexes et intéressants, qu'il s'agisse de ceux de Vincent Kartheiser, d'Alex Pettyfer ou de l'excellent Cillian Murphy, ce dernier se révélant particulièrement attachant dans le rôle d'un flic coriace ni bon ni méchant et à qui il manque également du temps.

Fable d'anticipation, thriller d'action, film noir, peinture sociale, romance, comédie satirique, comédie de moeurs, course contre la montre: "Time Out" mélange les genres pour un résultat parfaitement homogène et inattendu, bien que se reposant grandement sur son allégorie temps/argent, à la fois inventive et évidente, et presque poétique dans sa simplicité et son rythme harmonieux. Tout est un peu trop propre et trop sage, mais c'est aussi ce qui rend ce divertissement aussi glamour, agréable et intelligent, sans être privé de sa part de spectacle et d'une certaine mélancolie.
Lorelei3
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes souvenirs de salles obscures

Créée

le 7 déc. 2011

Critique lue 478 fois

3 j'aime

Lorelei3

Écrit par

Critique lue 478 fois

3

D'autres avis sur Time Out

Time Out
real_folk_blues
2

RETARDÉ

Excusez moi mais je suis pressé, je vais donc faire bref, j'ai déjà perdu assez de temps à regarder ce film dont la traduction française du titre anglais signifie exactement le contraire en...

le 9 févr. 2012

85 j'aime

33

Time Out
HarmonySly
6

Le temps c'est de l'argent

Un film d'anticipation carré et efficace, malheureusement plombé par de nombreuses erreurs factuelles et une romance un peu chiante entre Justin Timberlake et Amanda Seyfried. Le concept initial...

le 23 nov. 2011

43 j'aime

2

Time Out
cinewater
4

La bourse ou la vie

Le titre anglais est In Time, dans nos contrées le titre est "traduit" en Time Out... Allez savoir pourquoi. Il me semble plus intéressant de débattre sur l'idée de base du film. Le pitch est en...

le 29 févr. 2012

25 j'aime

4

Du même critique

Elfen Lied
Lorelei3
4

Il pleut, hein? Eh bien, ça nettoiera les traces de sang...

Cet OAV se situe entre l'épisode 10 et l'épisode 11 de la série "Elfen Lied". Il s'agit d'un épisode identique aux autres alors pourquoi en avoir fait un OAV? Autant le dire tout de suite, cet...

le 26 févr. 2012

27 j'aime

17