Le cinéma vous avait manqué pendant les confinements successifs ? Votre patience aura été récompensé par le nouvel "incendie" cinématographique de Julia Ducourneau "Titane". Véritable O.V.N.I dans le paysage du cinéma français au XXIème siècle, le film convoque les imaginaires du putride et de la métamorphose, évoque les pépites de Cronenberg et du cinéma sud-coréen, et concilie le beau et le rejet.
Avions-nous vu, auparavant, une oeuvre de cet acabit émanant du peuple ayant pour habitude de proposer des comédies politiquement correctes ou un énième drame social ? "Titane" sort des conventions et prend des chemins que peu on pu explorer en France, ceux du cinéma de genre. Ducourneau, ayant baigné dans des univers d'épouvantes dans sa jeunesse, réalise une oeuvre profonde d'étrangeté et étrangement profonde à l'image du personnage incarné par Agathe Rousselle. Dans sa masculinisation forcé, on questionne le genre et l'identité; et à travers sa quête de "reconnaissance" on interroge le patriarcat et la famille.
Rongée par le feu qui la consume de l'intérieur, elle fera sauté le verrou familiale et corporel pour se libérer des entraves d'une société asservissante, la réduisant au statut de femme-objet. Dans une agressivité constante le personnage nous emmène dans une spirale de violence avant de rencontrer le second personnage du film camper par Vincent Lindon qui, dans une trajectoire opposée, ce laissera convaincre d'avoir retrouver un membre de sa famille disparu. Le duo forme alors une famille hybride où identité et individualité partent en fumée laissant place à l'attirance et la répulsion des corps.
Tout ceci plongé dans une lumière pluriel, rappelant celle de Winding Refn, traversant la champ de manière à refléter la psychologie des personnages, sublimé par une mise en scène évocatrice (peut-être un peu grossière par moment) qui ne trahit jamais le fond et les thématiques proposé par Ducourneau.
En espérant que l'incendie titanesque embrase le cinéma français afin que celui sorte de ses habituels paternes !