S'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est de se méfier tout aussi bien des films lynchés par la critique (coucou Suicide Squad) que de ceux, au contraire vénérés par cette même critique, dont les affiches et autres bandes-annonce se voient gratifiés des attributions "Un chef d'oeuvre *", "Une pure merveille", un pur moment de grand cinéma comme on en voit très peu", "Le retour de l'art avec un grand A".
Non pas que je ne fasse pas confiance à la critique ciné, mais rien de tel que de se forger sa propre opinion par soi-même.


"Toni Erdmann" s'inscrit donc dans la seconde catégorie, celles des films encensés par la critique. Alors quid ? Véridique ou gros coup de pub entre presse cinéma et distributeurs ?


Eh bien, à titre personnel, "Toni Erdmann" est, effectivement, à bien des égards un tout grand film, ceux qui, une fois sortis de la salle, nous donne à réfléchir sur nous-même et sur notre vie.
Parce qu'après tout, c'est à ça aussi que sert le cinéma, à savoir véhiculer des émotions intimes et personnels. Et c'est précisément ce que fait ce petit bijou que constitue "Toni Erdmann".


Sur base d'une histoire simple dans le bon sens du terme (un père quelque peu excentrique cherche à redonner la joie de vivre à sa fille, absorbé par son travail et plutôt malheureuse sur le plan privé), la réalisatrice allemande Maren Ade dresse un portrait original et touchant de la relation père-fille.
Triste sans être larmoyant, très drôle sans être hilarant, décalé tout en restant facile d'accès, osé et provocateur sans être vulgaire, "Toni Erdmann" est donc tout cela à la fois; une tranche de vie douce-amère servi ça et là par de très bons numéros d'acteur et par une mise en scène somme toute assez classique mais prenante et rythmée.
Prenant le temps de dévoiler son propos et son ambition, ce film de presque 3 heures ressemblerait presque à une étude sociologique sur la famille, la joie de vivre et les émotions manquées et non partagées.


Vous l'aurez compris, "Toni Erdmann" fait donc partie de ses films qui parviennent facilement à gagner le coeur du public et de la critique tant ses valeurs et ses profonds nous touchent profondément.


Si on peut déplorer de ci de là quelques scènes inutiles (dont une particulièrement crue qui ne manquera pas de secouer les spectateurs un peu prudes sur les bords) et des effets de style parfois un peu facile (l'ambiance "musique/soirée Disco" commence de plus en plus à peser lourd à force de servir de cliché dans les films d'auteur), "Toni Erdmann", de par son extrême efficacité à alterner avec crédibilité les scènes d'humour décalé aux scènes intimistes les plus poignantes, se révèle à juste titre un très bon moment de cinéma, voir même l'un des films les plus touchants de l'année.

Créée

le 24 août 2016

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