Toni Erdmann c'est le nom qu'on susurrait à Cannes comme possible Palme d'Or. Avec ses airs de comédie dans la bande annonce, on dénote déjà une porte ouverte sur le réel, quelque chose de latent qui vient vous cueillir sans fanfare ni paillettes. Malgré sa longueur, plus de 2h40 cela peut donner quelques frissons quand on est pas familier du film, Toni Erdmann ne joue pas sur la lenteur. Si le film impose des plans longs c'est pour mieux cerner le malaise, l'état émotif de ses personnages sans pour autant prendre au piège le spectateur. Entre un père clownesque, mais pathétique sur les bord avec des blagues pas toujours drôles et une fille austère dont la signification du bonheur lui échappe, la réalisatrice pose un regard doux sur une communication bancale au travers d'une société pas toujours idyllique. Pourtant sans jamais lâcher malgré sa lourdeur, Winifried se transforme en Toni pour mieux supporter le quotidien de sa fille. Ines entre alors dans le jeu et accepte cette légèreté sans forcément renoncer au milieu hostile des affaires économiques, bien décidée à mener son père dans cette réalité.
Tour à tour très ancré dans l'entreprise, la vie réelle d’Inès à Bucarest, jusque dans sa vie intime, la caméra pose un regard franc. La mise en scène ne sort pas des sentiers battus mais le film repose surtout sur ses deux protagonistes, père et fille, qui entre chant et costume traditionnelle parviennent à s'échapper du monde froid qu’Inès s'est construit.
Une réelle performance pour les acteurs, nous faire entrer dans le réel tout en gardant un légèreté de l'être.