La force de ce film, c'est que je vais autant me rappeler de mon éclat de rire au moment où on découvre pour la première fois la père grimé lorsqu'il se retourne dans le restaurant, que de mes larmes lors de la chanson que la fille partage avec le père.
On suit cette relation imparfaite, certainement le destin tragique de toute relation familiale, oscillant entre incompréhension, colère, tendresse et amour. C'est un chemin sinueux qu'il faut prendre pour encaisser le film dans son ensemble, aucune émotion n'est laissée à côté et, comme liés au personnage de la fille, nous devons accepter toutes ces émotions afin de pouvoir en tirer les enseignements nécessaires.
Et surtout, tout est d'une simplicité déconcertante. La mise en scène reste sobre, accepte de laisser sa place à la star du film : la relation entre ses deux personnages d'une justesse incroyable. Et coup double, interprétés magnifiquement par les deux acteurs.
Plus que des plans, certaines scènes m'ont déchiré le coeur. Par exemple, celle où le père découvre sa fille en train de consommer de la drogue.
Mais surtout celle où la fille accepte à contre-coeur de chanter avec son père, accepte finalement de chanter timidement, avant de se livrer complètement et de fuir... Tout le combat entre la pudeur, la tendresse, l'épanouissement personnel et l'amour résumé en une scène. Et le spectateur ne saura jamais quel est le lien entre ce père, sa fille et cette chanson, ce qui contribue davantage au charme de cette scène.
Et enfin ce dernier plan de la fille dans son jardin, qui a accepté de partir à Singapour mais qui revient pour un enterrement, et ce visage où on lit autant les réponses qu'elle a trouvées durant le film que les questions existentielles qu'elle doit encore se poser.