Qui aurait dit que ce film de science-fiction, au futurisme daté apparaîtrait aussi marqué par les années 1990? Sans doute que la jeune et ravissante Sharon Stone dans son body flashy et la tête ahurie ou grimaçante d’Arnold Schwarzenegger y sont pour beaucoup dans cette empreinte chronologique très poussée. Les effets spéciaux faits main également ajoutent leur petite touche antique aujourd'hui amusante. Ce n’est pas pour me déplaire.


Le film de Paul Verhoeven est grossier. Parfois ailleurs pour le pire, ici pour le meilleur. Son cinéma outrancier fait merveille. Dans sa forme, il accumule les détails nanaroïdes, comme cette propension dans la violence à dépasser les limites du raisonnable, presque dans le gore. Difficile dès lors de ne pas se gondoler devant les gags atroces.


On se délecte aussi de façon paradoxale de l’inextricable complexité de l'intrigue. Cet embrouillamini entre songe, réalité et manipulation de la mémoire parvient curieusement à mettre en place un récit suffisamment clair pour qu’on ne perde pas l’essentiel. L’action et la clarté des scènes, leur incorporation ai-je envie de dire, favorisent une très bonne lecture. Peu importe l'histoire ; encore une fois,


Verhoeven privilégie une lecture sensitive, physique. Cette orientation peut déboucher sur un spectacle plat, voire vulgaire. Mais ici, il trouve un bel équilibre. Et même, je serais tenté de dire que tout cela a du sens, aussi étrange que cela puisse paraître. L'univers décrit, forcément fachoïde (marotte du cinéaste), construit un futur pessimiste mais qui raconte des angoisses tout à fait contemporaines.


Schwarzenegger, sûr de son physique, déroule. On sait quel piètre acteur il est, et que ce n'est pas pour ça qu'on aime voir certains de ses films. Son jeu erratique n’est pas sans attrait dès lors qu’il trouve un cadre et une forme qui conviennent à sa stature un brin raide et sur-dimensionnée. C’est le cas ici avec un film où son physique fait le boulot.


Mais celui qui tire le mieux son épingle du jeu est à n’en pas douter Michael Ironside, dans un rôle tout entier de démesure, un personnage grimaçant, vociférant, orgueilleux tout autant que sadique.


Sharon Stone n'est pas mal non plus, même si son rôle reste plutôt court. Elle apporte son regard dur, acéré. Son jeu est net, percutant. Pour le reste du casting, ce n'est pas aussi impressionnant.


Peu importe, le spectateur est davantage happé par le bouillonnement fantaisiste de cette course poursuite qui ne s'arrête jamais. Explosif, ce film aux effets spéciaux traditionnels reste une valeur sûre, un classique de la science fiction de papa.


Captures et trombi

Alligator
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le 3 janv. 2017

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