Quelques semaines avant son mariage, un homo se réveille dans le lit d’une splendide blonde. Le voilà qui remet alors toute sa vie en question : son homosexualité d’abord, son boulot, ses relations amicales et familiales. Un pitch simple, un scénario qui l’est tout autant, linéaire, sympathique et amusant, mais sans grande envolée ni gros éclat de rire.
Toute Première Fois est un tout premier film à quatre mains.
Une comédie romantique convenue
comme le cinéma français sait les produire : sans envergure. La lumière y est conventionnelle, ni moche ni belle, plate ; la mise en scène reste collée au scénario, sans inventivité, sans relief, sans surprise ; les décors boboïsent Paris, jouant de l’idéal air du temps, trompeur, loin du réel. La bande-son est plutôt agréable, peut-être trop hétérogène.
Ce qui sauve l’objet, ce sont les comédiens.
Pio Marmaï incarne un Jérémie déboussolé tentant désespérément de contenir ses interrogations sans les laisser empiéter sur son quotidien, longtemps spectateur passif de sa propre perte avant qu’enfin il ne se ressaisisse et s’assume pleinement. Lannick Gautry prouve une nouvelle fois l’étendue de son talent dans un rôle mineur mais important, et le tout est emmené avec rythme par Franck Gastambide, le confident, le meilleur ami, impeccable en célibataire faussement désinvolte. Sans oublier l'excellent Frédéric Pierrot en père contrarié par l’hétérosexualité soudaine de son fils adoré.
Le film erre tant dans sa propre histoire que le climax, l’envolée romantique la plus belle est celle de l’intrigue secondaire, superbe déclaration d’amour sur J’ai Encore Rêvé d’Elle, de Il Était Une Fois, dans un amphi de fac bondé, les larmes aux yeux.
Maxime Govare et Noémie Saglio s’offrent à deux une Toute Première Fois sympathique comme un flirt de vacances, mais loin de la jouissance comique attendue,
une fraîche et acceptable carte de visite
pour une future carrière faite d’objets cinématographiques dans la moyenne des productions françaises : sans grande ambition, sans grand talent, sur une idée où l’innovation reste ridicule. Bien calibrée, politiquement correcte, mais molle.