L'œuvre de Deville est marquée par plusieurs périodes abordant une manière différente de faire du cinéma mais elle pourrait être plus grossièrement scindée en deux. Celle qui précède Dossier 51 et celle qui suit ce film. Dans ses premiers films la mise en scène est souvent emportée par une forme de candeur, presque de futilité. Tout flotte, tout est en mouvement gracile, spontané, les parois du cadre semblent invisibles et franchissables, et cela que le film se déroule dans un appartement ou dans un décor de campagne.
D'une certaines manière ils sont enveloppés par le sentiment de liberté qui règne alors (fin 60's et 70 's).
Mais ces films sont aussi marqués par une sorte de menace sourde, un sentiment étouffé de regrets, de mélancolie, de déceptions, de mal être chez les personnages. Ca ne passe jamais au premier plan mais c'est là, un peu enfoui.
A partir du Dossier 51, ce sentiment surgit réellement, prend les devants et contamine la mise en scène et le cadre de Deville. Les films sont plus sombres voire pessimistes. Les bords du cadre apparaissent, on étouffe. Son travail sur la forme évolue, il expérimente des choses, adapte sa mise en scène en fonction de sa vision du monde qui change.
Toutes peines confondues est très ancré dans cette deuxième période.
C'est un film d'abord assez déroutant pour sa narration un peu étrange, sa musique dissonante, son cadre indéterminé, ses percées d'absurdes, d'érotisme et de violence.
Aux premiers abords c'est un polar psychologique, c'est l'histoire de Vade (Patrick Bruel) jeune inspecteur de police qui est chargé par d'enquêter sur de mystérieux meurtres dans un village des Alpes suisses et sur Gardella (Dutronc), riche industriel.
Mais le film aborde surtout une fois encore une relation homme-femme, celle qui va se dessiner entre Vade et la compagne de Gardella, Matilde May. Mais également avec Gardella dans un trianlge mélangeant ainsi désirs, refoulés ou non, sexe et amour.
Le film rappelle Godard, pas seulement pour le lieu, mais pour une façon assez similaire de traiter un sujet et de le faire avec une liberté de ton singulière. Un sujet qui pourrait aussi évoquer Chabrol.
Teklow13
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le 13 févr. 2012

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