Live together, Die together

Lorsque surgit de nulle part Toy Story en 1996 c'est une petite révolution qui se passe dans le monde de l'animation. Outre l'idée de base géniale qui voudrait que nos jouets prennent vie en notre absence, donnant naissance dans la foulée à un nouveau fantasme pour les enfants, Toy Story va ringardiser la concurrence ainsi que sa maison mère (Walt Disney) qui connaitra ses heures les moins glorieuses par la suite. En quelques années donc, Pixar va devenir le studio phare de l'animation au point de nous faire oublier la 2-D que Walt Disney abandonnera très vite (relancée grâce à Lasseter, directeur artistique de Pixar puis de Walt Disney à partir de 2005). Si le succès est au rendez vous ce n'est pas que grâce à son animation fluide et magnifique mais aussi par les histoires contées. Au fil des années Pixar mettra un point d'orgue à écrire des histoires capable de plaire aussi bien aux grands qu'aux petits grâce à des niveaux de lectures différents. Ainsi, Les indestructibles pouvant être vu comme un réjouissant film d'action, participe à la destruction du mythe du super héro avec Spider-man 2 sorti quelques mois avant et Wall-E comme une fable pessimiste sur la nature autodestructrice des hommes. Le temps passe et Pixar vieillit merveilleusement bien jusqu'à Toy Story 3, leur plus belle réalisation à ce jour.

On retrouve donc Woody, Buzz et quelques survivants face à leur plus grande peur : l'abandon. Andy a grandi et se prépare à partir pour l'université, il y a bien longtemps que les jouets n'ont pas servi et beaucoup d'entre eux ont fini dans la main d'autres enfants. Par un malheureux hasard, alors que les jouets se préparaient à finir au grenier, nos survivants atterrissent dans une école maternelle dirigée d'une main de fer par un nounours rose qui sent bon la fraise. La sympathique bande va tout mettre en œuvre pour échapper à cette prison et retrouver Andy avant son grand départ. Leur évasion va permettre à Pixar de signer avant tout un grand film d'aventures, mêlant drôlerie et action. Là encore le studio fait preuve d'une imagination sans limites pour nous faire rire aux éclats en s'amusant avec leurs jouets. Entre Mr et Mme Patate sans cesse malmenés, Buzz aux humeurs changeante, Barbie qui rencontre ENFIN Ken et Rex qui dévoile un génie comique qu'entre-aperçu jusque là, on croirait presque que le studio avait gardé en réserve ses meilleures idées pour ce final. Au-delà du film d'aventures et d'évasion qui est pris pour modèle, Toy Story 3 reste un film de potes. C'est grâce à l'alliance et la profonde amitié qui existent entre eux qu'ils s'en sortent. Il n'est ici plus question de confrontation entre Woody et Buzz excepté au début qui conduira toute la bande dans une mauvaise posture, non, ici, les jouets sont alliés contre le terrible Lotso, un ourson dictateur aigri par son abandon il y a bien des années. En tant que films de potes, c'est d'ailleurs un des plus beaux films du genre, comme à son habitude Pixar nous offre encore des scènes très fortes, la plus belle étant sûrement celle se passant dans un incinérateur où les jouets, promis à un destin funeste, acceptent leur fin ensemble. Le film aurait pu s'appeler « Toy Story 3 : Live together, Die together », un peu ce que la série Lost a essayé de nous faire ressentir vainement en six saisons car au-delà de ça c'est aussi un film sur les années qui défile et qui ne semble pas vouloir ralentir. Les jouets bloqués dans le temps voient le monde autour d'eux vieillir et doivent accepter ces changements. Le film se termine alors sur cette scène touchante empreint de nostalgie et de mélancolie où la joyeuse bande finit par accepter leur nouvelle vie laissant Andy vivre la sienne.

Toy Story 3 est donc une réussite sur tous les niveaux et est un émerveillement aussi bien visuel qu'émotionnel. Comme toutes leurs dernières productions (excepté Cars 1 et 2), Pixar retrouve la magie que Walt Disney créait par le passé. Une machine à rêve qui a longtemps provoqué en nous des sentiments purs et simples et qui nous touchaient par leur sincérité. Dumbo, Pinocchio, Bambi... Toy Story 3 en atteint les mêmes sommets et va même plus loin. Ce troisième et dernier épisode conclut cette trilogie brillante de la plus belle des manières.