Waste Side Story
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Quand on me dit Toy story, je repense à la révolution qu’a incarné le premier opus et à la belle découverte qu’a été la séance de cinéma à l’époque: j’étais ado et pourtant j’avais adoré voir ces jouets se bouger pour la bonne cause.
Ma deuxième pensée va directement à la conclusion du 3 et à l’émotion qui ne me quitte pas à la simple évocation de sa scène finale.
Difficile de passer après cette réussite absolue, et en même temps qui aurait cru que le fameux “toy story” si novateur deviendrait le premier d’une série de films? On avait déjà l’impression à l’époque qu’on n’irait pas plus loin.
Et puis le temps a passé depuis, et si nous avons vieilli, Woody aussi: le jouet préféré d’Andy a beau avoir trouvé un autre foyer, il doit y jouer un rôle secondaire: ne plus être le chef, ne plus être au centre de l’attention, il est contraint d’évoluer. Exactement comme un enfant qui devrait partager avec ses camarades de classe l’attention de la maîtresse, ou avec ses frères et sœurs celle de ses parents, ou un ado qui devient un adulte, puis une fois “posé” dans son rôle de grand, toujours cette évolution à chaque palier: trouver/changer de métier, d’environnement, construire une famille, ...
Toy story 4 va jouer avec les grand enfants que nous sommes devenus en parlant à ceux qui sont devenus parents (l’assimilation est facile puisque les jouets “ont” des enfants qu’ils voient grandir et partir de la même façon que les adultes voient leur progéniture s’émanciper) sans oublier ceux qui ne le sont pas.
La franchise se réinvente en axant sa nouvelle aventure sur la quête d’identité: de l’enfant qui doit se frayer un chemin à l’école et se créer son propre doudou au fameux jouet en question qui s’éveille à la conscience en passant par Woody et sa vocation qui vacille, la bergère qui s’autogère ou Gaby Gaby et le cascadeur aux destins brisés; c’est une foule de questions et de situations qui sont mises en lumières.
La question n’est pas ce qui se passe, ni où, mais comment: à quel moment notre situation façonne ce que nous sommes, à partir de quand on prend conscience de son rôle, et de la nécessité d’en changer.
Au milieu de tout ça plane l’abandon: qu’il soit volontaire, ou pas, bien vécu ou non, nécessaire pour avancer ou impossible. Savoir s’arrêter, faire de choix, écouter sa voix intérieure, la trouver, l’oublier parfois, se tromper, se prendre en main, laisser aux autres le soin de se débrouiller, de grandir sans nous.
On ne s’attendait pas à être attendris par une cuillère/fourchette et pourtant c’est là une trouvaille magnifique: parce que sa présence célèbre la créativité de l’enfant mais aussi parce que l’éveil du personnage est jouissif et intéressant.
Si on croyait trouver là un personnage-gag, c’était oublier que chez pixar on sait ce qu’est le pouvoir de l’imaginaire, et on ne regarde pas de haut un assemblage rudimentaire, au contraire on célèbre la création sous toutes ses formes, on reconnaît les vertus du jeu, de l’inventivité, et on profite de ce nouveau venu pour lancer d’importantes questions sur “qu’est ce qu’un jouet?”, “pourquoi j’existe?”....
Nous ne verrons plus jamais les fourchettes en plastique de la même manière, et ça tombe bien parce qu’il est bien possible que d’ici peu on ne croise plus beaucoup de couverts en plastique du tout.
On attendait de toy story un joli divertissement, on espérait ne pas effacer un épisode 3 qui marquait les esprits, et nous voici une fois de plus conquis par les studios pixar qui décidément ont toujours su parler à notre petit cœur tout mou.
Pourtant, si la conclusion de cette nouvelle étape reste émouvante, elle l’est moins que celle de son auguste prédécesseur. Il faut reconnaître que les au-revoir à notre plus-si-poor-lonesome cowboy nous laissent un goût aigre-doux et qu’on a encore l’impression qu’il n’y aura pas de suite. Mais on fait confiance à pixar pour nous surprendre d’ici quelques années.
Et puis l’émotion forte on l’avait eu un tout petit peu plus tôt avec notre vraie fausse méchante Gaby Gaby dont on partageait la joie après avoir vécu une humiliation en bonne et dûe forme.
Décidément ce quatrième voyage au pays des jouets n’en finit pas de nous surprendre: entre son personnage de femme forte, ses magnifiques décors, ses nouveaux venus et ses moments de pur délire, c’est un quasi sans faute.
On en viendrait même à croire à ces histoires et à regretter de n’avoir sans doute jamais marqué son prénom sur aucun jouet par peur de les abimer (mais sans doute sur une fabrication artisanale et au moins aussi magnifique que “fourchette”!).
Créée
le 24 juil. 2019
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