Toy Story 4
7.1
Toy Story 4

Long-métrage d'animation de Josh Cooley (2019)

C'était sympa de vous revoir, mais si vous ne pouviez plus revenir.

Lorsqu'on m'a parlé de Toy Story 4, j'étais, comme tout le monde, un peu perplexe sur le sujet. Si la série de film n'avait jamais été créé pour être une trilogie, le troisième opus avait un aspect tellement conclusif et se terminait sur un message tellement fort qu'à quoi bon imaginer une suite ? Il y avait bien eu des petits cours métrages, mais ceux-ci faisaient office de petit prolongement épisodique sans gravité.


J'avais vu la bande annonce, et j'ai été un peu rassuré sur le sujet : on abordait une idée créative originale : une fourchette... (enfin une cuichette en plastique) qui prenait vie suite à un bricolage d'enfant et devait s'intégrer aux jouets. De plus, on y voyait la promesse de traiter d'éléments inédits comme les jouets de kermesse qui passent leur vie collé au mur. Malgré l'absence de John Lasseter à la production et ayant entendu un bouche à oreille favorable, on y est allé.



La formule est respectée :



J'aurais du mal à mentir : j'ai passé un bon moment devant. Déjà, graphiquement c'est devenu hyper détaillé, que ce soit les petites imperfection de Woody, le rendu de l'eau au début du film (qui se passe sous la pluie) ou Bo la bergère dont on voit le corps de porcelaine refléter la lumière.


Et même avec une nouvelle équipe, on sent que les gars ont su reprendre la quintescence de la license Toy Story : On a des jouets souvent perdus dans des éléments énormes, qui doivent se débrouiller pour aller d'un point A à un point B en utilisant les éléments du décors sans se faire repérer par les humains. Ok, certes, mon copain Meeea me dit que les films Pixar c'est toujours des gens qui se perdent et doivent retrouver le chemin de la maison... mais c'est une formule qui ne me dérange pas une fois que je l'ai intégré.


En plus, ils jouent avec ça :


Parce qu'ici, il s'agit non seulement de retrouver la maison... mais aussi de rapprocher la maison des protagonistes perdus.


On a des jouets de différents types qui apparaissent (peluches de kermesse, motard de jouets de cascade des années 70, Polly Pocket, marionnettes de ventriloques, poupée des années 50) et des nouveaux environnements : ici un magasin d'antiquité et une fête foraine. Et chaque jouet a sa propre façon de fonctionner et chaque environnement pose des question sur au fond "qu'est ce que c'est qu'un jouet" : Comment doit se sentir un jouet qui n'a jamais servi ? Ou jeté à cause d'une pub mensongère ?



A la recherche de la thématique perdue ?



Le film pourtant offre de nombreux points qui m'ont posés problème et notamment, j'ai du mal à comprendre ce qu'il raconte fondamentalement, tant il part sur de nombreuses thématiques, quitte à en abandonner certaines en cours de routes.


Ainsi l'intrigue sur "Forky" la cuichette vivante posait de nouvelles questions : qu'est ce qu'un jouet ? A partir de moment un morceau de plastique en devient un ? Sauf qu'ils ont du mal à gérer cet aspect, notamment quand la réponse c'est d'hausser les épaules "bah, un jouet, c'est ce qu'on veut que ça soit."


Alors, c'est cool parce que ça permet de mettre un peu un coup de pied au reproche fait à la licence Toy Story d'être un film "catalogue de jouet." C'est d'ailleurs un aspect grandement atténué dans cet opus, où on trouve très peu de nouvelles licences de jouets et juste une poupée ayant réellement existée : Gabby Gabby qui est une parodie de Chatty Cathy .


Mais le problème, c'est que dès la fin du premier tiers du film, le film a déjà tranché la question : "les jouets fait à la maison sont de vrais jouets qui on autant d'âme que les autres" et doit se trouver une nouvelle problématique.


Et l'on part sur une histoire, à la fois sur Woody, sur le sentiment d'abandon, sur le fait d'appartenir à un enfant, ou pas. Avec différents point de vues, entre Woody qui se sent délaissé mais reste loyal, Bo qui n'en a plus rien à péter d'avoir un propriétaire, Gabby Gabby et les deux peluches qui veulent ce que Woody a eu.


Le film tâtonne sans arrêt à tenter de se trouver un propos surtout lorsqu'il se met à rappeler un peu les autres opus. (Gabby Gabby étant un mélange du mineur du 2eme film et de Lotso) et certains retournements de situations liés à des personnages qui changent d'avis au dernier moment font assez... brouillons. Idem avec le voyage des personnages qui est fait de chassé/croisé, de retour en avant et en arrière incessant. On voit aussi que les scénaristes n'avaient plus grand chose à faire dire aux anciens jouets d'Andy, et le pauvre Buzz l'éclair est un peu sous-exploité et relégué au statut de sidekick rigolo.


Idem, avec Bo


qui passe de "femme fragile" à "femme forte, indépendante et badass." Alors, certes, c'est cool de la revoir, cool de voir une évolution du personnage... mais on a clairement l'impression d'avoir deux personnages différents. Notamment que l'idée de base c'est qu'elle était douce et fragile... parce qu'elle était physiquement en porcelaine. Ici, le coup du "je peux me faire mal facilement" est esquivé d'un revers de la main par un gag. C'est dommage, on aurait pu faire mieux.



Un manque de cohérence interne ?



Et surtout, ça a tendance à trahir la cohérence interne de Toy Story. Je m'explique.


Jusqu'ici, l'idée c'était : si un jouet disparait parce qu'il s'est animé de son plein grès, il est de son devoir de revenir à l'endroit où il a été observé la dernière fois (ou du moins de revenir dans les fournitures de son propriétaire.) Par contre, si un jouet est loin parce qu'il a été perdu par son propriétaire, il doit être considéré comme disparu. (Ce qui est arrivé à Jessie dans le 2 ou à Lotso dans le 3.) C'était simple à comprendre et sauf retournement de situation exceptionnel, on restait là dessus.


Ici, c'est le bordel : au début du film, on a un flashback sur Woody qui ramène à l'intérieur des jouets abandonnés dans le jardin (qui auraient du rester dehors, ça aurait appris à Andy de ne pas laisser trainer ses affaires sous la pluie.) Et Woody fait plus d'une fois fait mine d'être abandonné pour faire oublier qu'il était en train de bouger.... ce qui pose un problème à la fin du film :


A la fin du film Woody ne devrait pas accepter d'être perdu... parce qu'il n'a JAMAIS été perdu par Bonnie.


Après, je veux bien qu'on mette ces disparition sur le fait que les enfants soient tête en l'air, mais quid de Gabby Gabby qui disparait du magasin où elle est censé être ? Ou des jouets qui mènent leur vie en trainant dans les parcs? (Et qui sont quand même MEGA NOMBREUX, je veux dire, j'ai un parc pour enfant en bas de ma fenêtre, j'y vois jamais un jouet abandonné. Alors 15 ! Et surtout les gamins, s'ils trouvent un truc, ils le ramènent ces petits égoïstes.)



Mais je lui colle quand même un 7 sur 10



Bref, le pire, c'est que j'en dit un peu de mal dans les paragraphes, mais dans l'ensemble j'ai beaucoup aimé le film et j'ai été pris par son histoire. C'est drôle, ça fait le taf, . A noter que je l'ai vu en VF (fin d'exploitation au cinéma oblige) et que Toy Story est une des rares licence dont j'ai vu les films plusieurs fois et notamment certains en V.O. Et en V.F. Dans l'ensemble, le taf des doubleurs habituels est plutot correct, même si de retour à la maison, je me suis aperçu qu'un des personnages était doublé dans la V.O. par Keanu Reeves... de plus est pour un rôle totalement à contre-emploi... et je me suis dit "dommage."


A noter un truc qui m'a fait tiquer l'oeil, c'est que je savais d'avance si un élément était important ou pas dans le décors : il était traduit en français. Je suis toujours bluffé par les films en image de synthèse où la traduction des panneaux, des messages ou des inserts est faite directement sur le film.... mais à force je m'aperçois qu'il y a plein d'éléments non-traduits et la co-existence des deux me donne l'impression que tout se passe au Québec ou dans ces pays bilingues.


Toy Story 4 offre un épisode "supplémentaire" qui sans être infamant, arrive après une trilogie qui se tenait en elle même et il ne réussi pas l'exploit de prolonger suffisamment la thématique pour devenir autre chose qu'un épilogue qui se regarde bien.


Et à moins d'une idée de génie (ou d'un reboot de la licence avec de nouveaux personnages et de nouveaux enjeux) j'espère grandement qu'il s'agira du dernier.

le-mad-dog
7
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le 10 août 2019

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Mad Dog

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