Avant de m’attarder sur ce chef d’œuvre incompris du début des années 90 j’ai voulu analyser les films sortis la même année et voir si on trouve au contraire des films bien pires.
Il serait donc facile de citer Allo Maman C’est Noël, Un Flic Et Demi, Les Tortues Ninjas 3 ou même encore Rasta Rocket, tant d’exemples de médiocrité qui me font me poser une simple et bonne question : est-ce que les personnes qui descendent ouvertement Toys l’ont réellement vu ?
Bon d’accord j’exagère un peu quand même, Toys n’est pas vraiment un chef d’œuvre mais plutôt un ovni injustement détesté par les critiques ainsi que le grand public. Il faut tout de même savoir que malgré son échec commercial et sa nomination aux Razzie Awards (pour pire réalisateur), le film a tout de même eu 2 nominations aux Oscars, un pour meilleurs costumes et un autres pour meilleure direction artistique.
La direction artistique est d’ailleurs le point fort du film, Toys est visuellement l’un des films les plus extraordinaires que j’ai pu voir, les décors de Ferdinando Scarfiotti sont tout bonnement incroyables et rappellent les œuvres de René Magritte (la fabrique de jouets est un véritable paradis pour enfants). On comprend pourquoi Barry Levinson (ici au poste de réalisateur et de scénariste) a pris autant de temps pour préparer ce projet colossal. En effet, selon Levinson il s’agit là du tout premier film qu’il voulait réaliser mais il a pris 12 ans avant de se lancer. Mais voilà où beaucoup de gens se sont trompés, Toys n’est pas un film pour enfants, par contre ça ne veut pas dire qu’ils n’apprécieront pas (étant donné que j’adorais ce film quand j’étais plus petit et j’ai appris à l’apprécier encore plus aujourd’hui). Réellement il s’agit d’un film un peu plus profond qu’il n’y parait, qui essaye de faire une critique de notre société et de sa façon à exploiter notre innocence ainsi que notre naïveté. Au final, Toys n’est pas si joyeux en vu des thèmes évoqués, contrairement à ce qu’il en a l’air au premier regard.

Pour mieux comprendre il faut que je résume un minimum l’histoire...

La fabrique de jouets Zevo est dans une mauvaise passe, son créateur de génie risque de mourir à tout moment. Il décide donc de céder la compagnie à quelqu’un d’autre, impossible de passer le flambeau à son fils Leslie (Robin Williams) qui est bien trop immature, ni même à sa fille Alsatia (Joan Cusack) qui n’est pas du genre à être très responsable. C’est avec un certain regret qu’il décide de la confier à son frère Le Général (Michael Gambon). C’est à cause de ce choix que les problèmes vont commencer à s’accumuler, étant donné que Le Général est un homme d’action et non un concepteur de jouets. Bien entendu il n’a pas du tout le même point de vu que celui de son défunt frère et encore moins celui de Leslie. L’un voudrait continuer de fabriquer des jouets qui plaisent à tous les enfants, l’autre voudrait former les futurs petits soldats en créant des jouets militaires (des minis tanks, des avions de chasse, des robots armés jusqu’aux dents, etc…) mais aussi des jeux-vidéos eux aussi orientés vers la guerre.
Bien entendu pour pouvoir suivre ce joyeux bordel il fallait un casting à la hauteur. Alors certes ce n’est pas le meilleur rôle de Michael Gambon, qui reste absolument impassible mais ça convient parfaitement pour son personnage. Robin Williams y est ici digne de lui-même, drôle et attachant, je ne vois aucun autre acteur qui pouvait aussi bien jouer ce rôle de gamin dans un corps d’adulte. On retrouve aussi Robin Wright qui n’est là que pour servir de prétexte amoureux mais on a vu bien pire et bien plus forcé. Mais il y a surtout Joan Cusack qui est complètement tarée et exactement dans ce genre de rôle qu’elle brille, c’est d’ailleurs elle qui vole la vedette !
Il faut aussi que je revienne sur la bande originale car elle est assez particulière. Par exemple, il est facile de croire que le film va être une comédie musicale si on le prend sans savoir quoi que ce soit. Toys s’ouvre d’une façon étrange, on a le droit à une magnifique chanson de Noël avec toute une troupe, comme une sorte de spectacle de fin d’année. Sauf que c’est franchement étrange, car il y a Wendy & Lisa (qui étaient dans le groupe de Prince, The Revolution) mais aussi Seal.
Pour le principe, voici la chanson en question :
http://www.youtube.com/watch?v=R9geCS0v7w8

Derrière ce « groupe » de malade se cache en fait Trevor Horn (ainsi qu’un peu de Hans Zimmer), qui a composé et arrangé toute la musique. Mais alors qui est ce fameux Trevor Horn ? Tout simplement le génie qui se cache derrière Video Killed The Radio Stars. Du coup on retrouve aussi Tori Amos, Enya, Thomas Dolby, Grace Jones et même Frankie Goes To Hollywood (avec leur fameux Pleasuredome). Donc ça peut parraitre étrange dit comme ça mais justement cette étrangeté colle parfaitement à l’ambiance visuelle et scénaristique de Toys.

Je vous incite vivement à regarder ce film, je ne dis que vous allez adorer mais selon moi c’est un film qui mérite bien mieux que la réputation qu’il se traine depuis sa sortie en salles. Je ne dis pas non plus que c’est la plus grande injustice de l’histoire du cinéma, il y en a eu d’autres comme Toys et il y en aura encore pleins d’autres comme ça. Il faut simplement le juger pour ce qu’il est et non de le juger comme si c’était un pauvre film pour enfants.


Et pour le plaisir de tous, ou pas, voici Tori Amos !
http://www.youtube.com/watch?v=i2UPOl54xMQ

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le 20 janv. 2014

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Hairy_Cornflake

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