A quoi je m'attendais ? Le précédent était déjà très mauvais, avec l'imbitable Shia Laboeuf qui courrait après la reconnaissance pendant tout le métrage et la bande de mercenaires vétérans la plus dégonflée de l'histoire du cinéma ("quoi, les méchants sont armés ? Oula, non, j'y vais pas, moi ! Moi, j'ai signé pour les battre au Jeopardy !") mais bon, y avait quand même quelques exploits pas inintéressants. Ici, on se trouve dans une quatrième itération sensée reprendre l'histoire cinq ans après le dernier opus pour l'amener dans une nouvelle trilogie (je sais, moi aussi, ça m'effraie). Ainsi donc, on suit Yaeger, incarné par Marky Mark, qui est un inventeur de "génie". Du genre Doc Brown, mais avec des stéroïdes en prime. Il vit sa petite vie, avec sa fille chaude comme l'enfer et LE PIRE SIDEKICK DE L'HISTOIRE DU SIDEKICK. Tout ça quoi. C'est le Texas, il y fait un peu chaud. Bon, mais on gère, hein, la chaleur, c'est pas trop grave. Il retape des trucs, de-ci, de-là, mais enfin, c'est pas facile tous les jours, vous savez ma bonne dame ? En plus, bon, il aurait pu reprendre les terres de son père, parce qu'elles étaient fertiles, mais il préférait faire ce qui le branchait. Faut voir qu'il a eu sa fille jeune et que du coup, il a dû s'occuper d'elle. Attendez, quoi ? Je parle plus du film ? Ah mais si, j'essaie de vous résumer à peu près les deux premières heures, là, soyez content, mince alors !

Bon ok, trève de surprise, c'est horrible. J'ai haï. Je partais pas avec un a priori négatif, parce que je savais ce que je venais voir et que claquer dix euros dans une place de cinéma pour aller voir un truc qu'on méprise par avance, c'est quand même du lourd. Je m'attendais à des gros dinos, des explosions, le popotin de Nicola Peltz et les muscles de Mark Wahlberg. Bon, niveau popotin, comme il ne se passe rien pendant la première demi-heure à part de longues séquences où l'on expose plusieurs personnages qui seront expliqués l'an prochain, Nicola a le temps de se changer une centaine de fois et on peut donc apprécier sa plastique de rêve. D'autant qu'il ne va pas falloir titiller trop longtemps le goujon pour que le personnage féminin se voit rappeler son usage : NON MADAME, RETOURNEZ VITE VOUS FAIRE KIDNAPPER ! Après quoi, elle ne sert plus à rien, si ce n'est rappelé que Mark est un papa dysfonctionnel blablabla. Comme d'hab, quoi, dans la longue et profonde histoire des papas dans les films d'action. Elle a bien un petit ami alors que son père le lui avait interdit, mais la relation entre les trois personnages est tellement au ras des pâquerettes qu'il n'y a pas grand chose à en retenir. Après, ça donne quelques unes des meilleures répliques du film, ces menaces latentes qu'envoie Mark au love interest de sa fille. On aurait presque salué le fait que le héros n'emballe personne à la fin (contrairement à Sam Witwicky qui, je vous rappelle, s'envoyait que des canons en étant le personnage le plus détestable de l'univers), et que le couple est connu d'avance si tout ça ne respirait pas l'absence totale d'intérêt. En prime, comme le film se veut continuellement d'un humour acéré, non seulement il n'avance pas, mais en prime, il se tape des pauses pénard pour faire "marrer". Bon, si tu n'as plus quatre ans, ça ne te fera pas énormément rire. La plupart des personnages sont juste tellement « Bigger Than Life » que ça ne ferait pas retrousser les zygomatiques à grand monde, à mon sens. Suffit de voir les quatre transformers qui entourent Optimus Prime. Bon, je n'aime pas Prime, ni Bee, mais là, les trois autres sont juste horribles. Je n'ai jamais éprouvé autant de haine envers des protagonistes que dans l'Âge de l'Extinction. Bon, ok, les personnages, c'est n'imp', les dialogues, c'est pas vraiment ça, mais le scénario ?

Outch, l'ami, assis-toi, on est parti pour examiner le pire. Pour moi, c'est LE gros problème, le foutoir ultime et total qu'est le récit. C'est complètement bordélique et extrêmement mal utilisé. L'exemple qui m'a vraiment choqué : Mark et sa petite troupe arrive à Chicago et comprend qu'il va devoir entrer dans les locaux d'une grosse entreprise pour percer leur secret. Ok. Là, on passe à un autre personnage, complètement secondaire, que l'on avait brièvement vu dans l'introduction, et hop, on commence à faire la visite des laboratoires de l'entreprise, dont on découvre le patron, qui est encore un personnage "lolant à la transformer", comme le pauvre John Malkovich dans le précédent. On se dit "Ah ben en fait, y a eu une ellipse et ils ont réussi à rentrer dans l'entreprise !" Eh non ! C'est juste pour que introduire des nouveaux personnages (après une heure de film, trop bien). On retourne aux protagonistes qui préparent leurs entrées (très lentement) et vont alors découvrir les mêmes informations qu'on a déjà eu auparavant et qu'on ne va tout de même pas nous remontrer quand même. Et le film évolue un peu toujours de la même manière, en se prenant les pieds dans une intrigue qui, pourtant, n'est pas difficile. Seulement voilà, on ne capte qu'extrêmement tardivement les réels enjeux et même alors, rien n'est fait pour que cela resserre l'histoire et la recentre. Ça reste la même panique, avec une grande ambiance guerre totale alors que ça n'a pas lieu d'être, au point que les séquences s'enchaînent parfois sans aucune cohérence. Mon petit moment préféré : les personnages prennent une voiture dans une banlieue de Hong-Kong. L'un d'eux lance : « allons nous cacher dans les collines » et tous ont l'air d'accord. Plan suivant, ils se sont téléportés sur les quais parce que la scène d'action demandait à ce qu'il y ait des bateaux à proximité. Putain de détour, quand même. Du coup, même la menace incarnée par le super transfomer vénère de la bande-annonce n'est pas vraiment abordée. Au final, je ne saurais même pas comment résumer le film tellement finalement, l'action piétine pendant une heure avant de continuer. Le film fait quand même 2h45. On y voit le véritable méchant central quoi... allez, quatre fois à tout casser.

Parce que le méchant, Bay s'en fout. Un ami m'a conseillé de regarder la vidéo explicative sur le « Bayhem », le style Micheal Bay et la façon dont il compose ses plans et assez vite, on se rend compte qu'en fait, Bay n'est là que pour ça. Ce mec ne veut pas raconter une histoire, il veut juste faire des plans cools. Avec plusieurs layers, de la profondeur, du bordel. Alors ok, il s'en donne les moyens, fait poper 50 transformers d'on ne sait où et hop, tout le monde se tire joyeusement la bourre. Et oui, c'est joli, ça explose de partout, ok, cool. Le problème, c'est que même quand il ne raconte rien, il tourne tout de façon épique, au point que ça devienne juste... ringard ou prétentieux, selon l'idée. La première partie au Texas, à ce niveau, est quand même pas mal : tout est filmé comme si la fin du monde survenait au bout d'un champs, mais il ne se passe rien à part des couchés de soleil qui durent du matin au soir (oui, c'est possible, c'est Bay). Avec des gros filtres oranges. Et des mecs qui claquent des portières comme si la voiture qu'ils quittaient allaient exploser. Même prendre un petit-déj' pénard, c'est filmer d'une façon si dithyrambique et enthousiaste que ça frôle le délire. Alors ok, ça paraît joli, mais une fois qu'on se rend compte que filmer du vide avec un filtre, ça ne fait pas un film, il reste quoi ? Il doit y avoir, au total, trois scènes d'action que j'ai apprécié : la fuite par les câbles au-dessus du vide (mais bon, ça sent quand même beaucoup le réchauffer), la descente le long d'une façade Hong-kongaise entre Marky et un homme de la CIA (mais ça doit durer, quoi, une minute à peine) et la voiture en plein centre-ville qui esquive des véhicules chutant du ciel (une repompe de Twister). Le reste, c'est du ralenti pendant des combats de robots comme on en a vu par trois fois qui commencent à accuser durement le manque de renouvellement. Ils font des galipettes, se tirent dessus avec d'énormes obus qui n'explosent pas pour ne pas se tuer, rattrapent les humains et les serrent très très fort, mais sans les tuer. On va dans un autre décor et on recommence. Wow.

Tout est dit, je pense : il n'y a rien à sauver de ce long-métrage. Absolument rien. Le début d'une nouvelle trilogie, vous dites ? Dur. Parce que même les dinorobots, je suis désolé d'avoir à vous l'annoncer, mais ils arrivent juste dans la dernière demi-heure. Ils mangent deux trois méchants pour la forme puis fini, ils ne font à nouveau plus rien. Et comme, niveau script, ils n'avaient pas grand intérêt, ils organisent un dernier - et épique - carré de défense contre personne au bout d'un pont. Et la caméra les films de façon épique faire face à strictement personne. Incroyable et véridique. Alors si vous ne veniez que pour les dinos, franchement, passez votre chemin illico et contentez-vous de la bande-annonce. Elle est courte et ne coûte pas dix euros. Pour les autres qui viennent voir du robots, contentez-vous de Pacific Rim, c'était pas terrib', mais toujours mieux que ça. Et pour les derniers supporters de Bay qui restent, allez plutôt mater "Pain & Gain", une erreur de parcourt, apparemment, plutôt chouette.
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le 16 juil. 2014

Modifiée

le 17 juil. 2014

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