Selon certains psychiatres, un discours incohérent est un des premiers signes visibles de la démence. Transformers 5 : the last knight, qui sort ce 28 Juin 2017, se pose alors comme un symptôme de son réalisateur. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que son cas est inquiétant. Peut-être pas autant que celui de la Paramount qui sort deux mauvais films coup sur coup (avec Baywatch), mais tout de même très préoccupant. Enfilons notre blouse blanche, et établissons ensemble le diagnostic du nouvel opus de cette franchise qui ne cesse de nous surprendre quand il s'agit de faire n'importe quoi.
La guerre entre les humains et les Transformers est à son comble (encore !). Optimus Prime est parti à la recherche de ses créateurs. Les autres se terrent dans des zones où ils essayent de passer inaperçus, aidés dans leur entreprise par Cade Yaeger (Mark Wahlberg). C'est à cet instant délicat que refait surface une ancienne arme capable de tout diriger : le bâton confié à Merlin par un autobot au temps du roi Arthur. Megatron et ses decepticons sont sur les rangs pour s'en emparer tandis qu'une menace encore plus dangereuse se profile à l'horizon.
Jusqu'au troisième volet de sa saga robotique, Michael Bay se contentait de nous fournir un blockbuster estival décérébré mais divertissant. Jolies filles, jolies voitures et jolis robots qui se battent étaient les seuls ingrédients, mais le tout se tenait. Les premiers signes de désordre intérieur sont apparus avec Transformers 4. L'image d'Optimus Prime chevauchant un dinosaure robot était la démonstration d'une imagination débordante mal canalisée. On craignait de basculer dans le nanardesque et la franchise semblait vouloir concurrencer Resident Evil et ses summums de délires. C'est chose faite ! Les scénaristes ont réalisé l'exploit de créer un scénario aussi hermétique qu'incompréhensible. C'est à se demander si eux-mêmes s'y sont penché. Le film enchaîne les pistes intéressantes développées puis mises de côté sans explication, jusqu'à celle qui lui donne son titre. Peut-on les en blâmer ? Après tout dans Autant en emporte le vent, on ne voit jamais le vent. Le reste donne l'impression de voir des bribes d'autres scénarii raccrochées les unes aux autres pour essayer de les recycler. Mêler la légende arthurienne, la création des Transformers et leurs actions contre les nazis : il fallait oser.
La narration est à l'image du scénario : bancale et incohérente. Le montage est rythmé mais Michael Bay semble en avoir oublié les règles fondamentales. Chaque plan ne suit pas nécessairement le précédent et, parfois même, le contredit. On se retrouve avec des espaces où les personnages semblent capables en une milliseconde de ne plus être postés au même endroit, ni même parfois entourés des mêmes personnages. C'est plutôt sympa d'avoir pensé à donner du boulot aux youtubeurs qui collectionnent les faux raccords, ils ont de quoi tenir un mois avec leurs vidéos. L'autre gros point noir du film, c'est son format d'image. Il faut savoir que le film est vendu sur le fait qu'il est tourné intégralement en IMAX 3D. Sans vous noyer sous les détails techniques, le rendu pour le spectateur est une image plus grande sur l'écran et d'une meilleure résolution qu'avec les caméras traditionnelles. Christopher Nolan l'avait utilisé pour dynamiser les scènes d'action de sa trilogie Dark Knight. Mais cela coûte aussi plus cher et le nombre de salles disposant du matériel adéquat est encore limité. Il faut donc parfois revenir au format standard et cela donne une diffusion rocambolesque où l'écran change de format toutes les deux minutes. Cela nuit un peu au plaisir du spectateur qui est occupé à réhabituer ses yeux à la 3D à chaque changement de format.
Disons le, rien ne peut sauver Transformers 5 : the last knight. Les acteurs y sont transparents et personne ne s'en soucie. Michael Bay, qu'on a connu comme un maître du film d'action dans les années 90 avec des films comme The Rock ou Les Ailes de l'enfer, semble en bout de course et ne plus maîtriser l'outil cinématographique. Il est temps pour lui de souffler un peu. Après ces deux heures de souffrance pour les yeux et le cerveau, on s'étonne de voir le nom de Steven Spielberg apparaître encore en tant que producteur. Il a probablement oublié de résilier son prélèvement automatique, cela nous arrive à tous. Décidément, cet été de blockbusters commence bien mal et on espère trouver du réconfort auprès de Spiderman : Homecoming, Dunkerque ou le très attendu troisième volet de La Planète des singes.
Un article de Florian Vallaud
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