Après la réalisation du remarqué Ixcanul (2015, Pour un ailleurs), le réalisateur Jayro Bustamante confirme en partie seulement dans Tremblements les promesses portées quatre ans plus tôt. D'entrée, le coming out raconté est filmé comme un deuil. L’homosexualité de Pablo (Juan Pablo Olyslager), quarantenaire guatémaltèque, ne peut avoir pour « guérison » qu’une cure à la rigueur toute militaire. Une thérapie de « conversion » dispensée par la paroisse évangélique à laquelle la famille très pieuse de Pablo est affiliée. Comme la jeune héroïne maya d’Ixcanul, Pablo doit se soumettre à des rituels initiatiques et expiatoires.
Un sujet complexe immédiatement introduit par une première scène montrant Pablo, seul, confronté à tous les membres de sa famille. Cette séquence liminaire très opératique est pour le moins forte et marquante. Une puissance narrative que Bustamante ne parvient pas à maintenir par la suite. Le traitement froid et neutre proposé par le réalisateur limite par sa rigidité l’empathie potentielle que pourrait porter les spectateurs à un protagoniste principal entouré de personnages secondaires rivalisant de monstruosité mentale. Le cinéaste guatémaltèque reconduit la sécheresse de traitement d’une thématique complexe d’Ixcanul avec une plus grande noirceur ici. L’enfermement psychologique de Pablo est transcendé par une mise en scène sans affect et extrêmement précise jouant notamment sur les gros plans. Les tremblements sismiques du Guatemala, secondaires ici, auraient pour répliques ceux d’un système de valeurs d’un autre temps.

In_Cine_Veritas
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le 2 mars 2020

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