"On aurait pu défendre le dernier film de Desplechin par conformisme. Depuis ses débuts avec la Sentinelle, la critique n’a eu de cesse de louer, à raison, un nouveau grand talent du cinéma français. Mais avec la sortie de Jimmy P. en 2013, une limite s’est dessinée ; il s’agissait d’un film de qualité certes mais tout le monde s’est comme forcé à l’adorer. Une intrusion intéressante dans le cinéma Hollywoodien par un enfant de la Nouvelle Vague (bien que ce dernier ait un rapport plus complexe à cet héritage), Jimmy P. paraissait bien limité côté des fulgurances de Rois et Reines ou de l’instabilité de son Conte de Noël. Desplechin, cinéaste qui s’intéresse aux tabous et aux non-dits s’est trouvé enfermé dans les codes du cinéma américain. Le préquel de son œuvre phare Comment je me suis disputé… faisait craindre le pire, pensant que le cinéaste en soit réduit à ranimer son aura en ressassant son succès passé. Il n’en est rien.


Le passé, il en est bien question dans Trois souvenirs de ma jeunesse, il s’agit même de son sujet. Si les temps anciens n’avaient pas été aussi bien traités depuis longtemps, c’est que Desplechin a parfaitement compris qu’il fallait raviver une fougue romantique disparue de nos jours. La mélancolie Proustienne et la finesse de la psychologie des personnages offrent au cinéaste des possibilités débordantes et subtiles pour sa mise en scène. Jamais le fantôme de François Truffaut ou de Jean Eustache n’a semblé si présent dans un film que celui-ci ; jamais des lettres d’amours dites face caméra ne nous avait autant touchées. Œuvre sur une vie, celle de Paul Dédalus, le film semble être la somme du cinéma d’Arnaud Desplechin.(...)"


La suite sur le site Two Lovers: https://twoloversmag.wordpress.com/2015/12/30/trois-souvenirs-de-ma-jeunesse/

Créée

le 30 déc. 2015

Critique lue 276 fois

2 j'aime

Malossanne

Écrit par

Critique lue 276 fois

2

D'autres avis sur Trois souvenirs de ma jeunesse

Trois souvenirs de ma jeunesse
Velvetman
9

L'érudition de l'amour

L’amour est un vieux serpent de mer. Le temps passe, l’identité se dilate, les souvenirs s’égarent et s’éparpillent entre la routine inhérente d’un Roubaix lassant et le romanesque idéalisé d’une vie...

le 13 oct. 2015

76 j'aime

4

Trois souvenirs de ma jeunesse
B-Lyndon
8

Esther. (des vies possibles)

Lors de la première vision du film, et comme devant tous les Desplechin, j'en suis ressorti ému, très heureux. C'est l'effet que me font ses films : leur complexité, leur densité, leur énergie aussi,...

le 22 mai 2015

30 j'aime

11

Trois souvenirs de ma jeunesse
FredEric4
3

De l'art de se toucher la nouille

OMG que ce film est détestable. Que ce soit les choix de réalisation (l'effet rétro de l'annonce des parties, les "split screens" et les effets "scope", la troisième partie qui occupe à elle seule...

le 28 mai 2015

26 j'aime

7

Du même critique

Cloud Atlas
Malossanne
9

Critique de Cloud Atlas par Malossanne

Il est facile de séparer Cinéma d'Auteur et Cinéma d'exploitation. Du premier nous voyons des films complexes, exigeants avec le spectateur et surtout dit de qualité. Du deuxième, de simples films...

le 30 juil. 2013

7 j'aime

5

Les 8 Salopards
Malossanne
7

Critique de Les 8 Salopards par Malossanne

"Dans les années 90, Martin Scorsese, en exprimant son avis sur la jeune génération montante de l’époque, disait ne pas comprendre le cinéma de Quentin Tarantino. Rien de plus logique : bien que tous...

le 6 janv. 2016

3 j'aime

5

Pierrot le Fou
Malossanne
8

Critique de Pierrot le Fou par Malossanne

En apparence, le cinéma de Jean-Luc Godard n’est pas celui du temps mort : on peut voir ses films comme une profusion d’idées et d’expressions se juxtaposant les unes aux autres, laissant alors peu...

le 16 août 2021

3 j'aime

1