Film aussi culte qu'incompris, Tron fût, il y a trente ans, une révélation pour une génération geek tout juste naissante. Le monde étant devenu plus ou moins geek, voici que Disney ressort cette licence pour lui donner une suite que l'on espérait plus. Promo massive sur le net, BO orchestrée par Daft Punk, utilisation de la devenue incontournable 3D, Disney a créé le buzz et réussit à vendre mondialement la suite d'un film ayant été relativement anonyme à son époque (seulement 16 millions de dollars de bénéfices pour un budget de 17 millions).

Flynn (Jeff Bridges), après avoir réussi à sortir du cyberspace dans le premier, a continué ses recherches, puis mystérieusement disparu, laissant son jeune fils, Sam (Garrett Hedlund), à la tête de la société informatique ENCOM. Vingt-cinq ans plus tard, Alan Bradley (Bruce Boxleitner), ayant reçu un message de Flynn, mettra son fils sur son chemin, ce qui l'amènera à entrer par mégarde dans l'univers où est enfermé son père, et l'obligera à en trouver la sortie, tout comme celui-ci avait dû le faire auparavant.
Visuellement le film fait mouche, proche du premier, mais amélioré grâce à l'évolution des effets-spéciaux (les combinaisons sont noires, ne laissant apparaître que les faisceaux lumineux, et enlevant ce côté kitsch du lycra gris), ainsi qu'une 3D apportant une nouvelle dimension à ce CyberWorld. On regrettera néanmoins que cette évolution technique n'ait pas été utilisé à bon escient, cet univers dilatant autant la rétine qu'il déçoit, les scènes d'action étant ternes, trop courtes, sans aucune tension, et cela sans compter un final sans intérêt, écrit à la va-vite, et tentant vainement de donner un semblant de philosophie de gare.
Bref pas de réelle créativité ici, juste du recyclage un peu boosté. Et pour enfoncer le Clu, celui-ci est particulièrement mal foutu, ce Jeff Bridges rajeuni semblant sorti d'une cinématique d'il y a 10 ans. On a vu largement mieux dans Benjamin Button, et même Beowulf se montrait plus crédible, c'est dire...

Si l'on appréciait l'humour et la dérision de Flynn dans le premier opus, on ne pourra que tiquer en voyant son fils, un blond insipide, voire agaçant, et n'arrivant ni à la cheville de Jeff Bridges, ni à celle de Bruce Boxleitner. D'ailleurs dans celui-ci Jeff Bridges parait complètement éteint, que ça soit dans le rôle de Flynn ou celui de Clu, le méchant du film. La faute à un procédé rajeunissant et une démarche se voulant robotique mais paraissant bien plus proche du balai dans le cul.
Musicalement c'est l'hécatombe, Daft Punk semblant complètement has-been et servant une BO oscillant entre l'orchestral pompant — mal — The Dark Knight et l'éléctro sans inspiration. Il n'y aura bien que le morceau « Derezzed » qui réussira à se distinguer, en particulier durant la scène d'action dans le bar, où l'on aura notamment l'occasion d'apercevoir Daft Punk dans le rôle des DJs.

Bref, Tron l'héritage est une belle foirade, produit affreusement commercial, et a fortiori une insulte à l'esprit du premier ainsi qu'à ses fans, mais également au public de la nouvelle génération. Tout comme son ancêtre c'est une belle démo technique avec une histoire sans grand développement, sauf qu'il ne dispose d'aucun personnage attachant et ne procure aucune émotion, point fondamental qui faisait du premier Tron un film culte.
Pour conclure, si vous êtes fan de la première heure (ou d'un peu plus tard), ce Tron vous est déconseillé, ou alors attendez la sortie Bluray. Pour les autres, même si le visuel est plaisant, n'oubliez pas que le film est pendant sa plus grande partie très ennuyant, et sera probablement très loin de l'idée que vous auriez pu vous en faire. Reste la plastique d'Olivia Wilde et des différentes « sirènes » qui donneront une demi-molle, agréable, mais cher payé...
Mention spéciale pour la scène du bar, étant la seule et unique chose à retenir de ce film. Relativement bien chorégraphiée, et orchestrée par un Michael Sheen (Lucian dans Underworld) jubilant et semblant être le seul à s'investir un peu dans cette chaloupe sans âme.
SlashersHouse
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le 5 févr. 2011

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