Tron Legacy restera, à mon sens, comme un des premiers films à avoir pu exploiter pertinemment les potentialités de la 3D. Le parti pris sonne comme un aveu de faiblesse : une association 2D/3D, selon le degré de spectaculaire exigé par les séquences, un peu à la manière de l'Imax version Dark Knight. Et bien mine de rien, ça aère, libérant le spectateur d'une perpétuelle exposition à cette technologie poussive encore coincée à un stade embryonnaire. Kosinsky privilégie avec bonheur la ligne, le relief, la texture, sans s'embarrasser de cette immonde profondeur de champ, cause de tant de maux de têtes.
L'ensemble est une impressionnante succession de morceaux de bravoure, aussi bien guerriers que technologiques. Daft Punk livre un score tout bonnement admirable, parmi ce qui s'est fait de mieux dans un blockbuster hollywoodien ces dernières années.

On pourrait opposer que le présupposé technologique de Tron 1982 soit on ne peut plus anachronique à l'ère du 2.0. Le monde-utopie crée par Flynn dans les années 80 a évolué en vase-clos, générant sa propre technologique, ses propres révolutions, ses propres coup. Perspective certes séduisante, mais un peu vaine. Michael Sheen dans une partition classiquement exubérante était peut-être dispensable. Mais la plus forte réserve reste cependant le scénario, et plus précisément les dialogues, chaque réplique étant aisèment devinable l'avance pour quelqu'un ayant ingéré un minimum de divertissement US.
"you gotta be kiddin' me",
"- So what's next? - I guess we have to change the world."

Tout y passe...

Face à cet écrin d'une qualité formelle terrassante, le spectateur se retrouve en présence d'un objet, non pas un ovni, mais un opus d'une très forte cohérence, qui semble assumer ses défauts avec une sérénité qui ne peut que forcer l'admiration.

Film hommage/réinvention, Tron Legacy ne satisfera sûrement pas les amateurs de bonne chair scenaristique mais prodiguera son lot de frissons à ceux sachant apprécier une image bien définie, une bande-son impeccable, une irréprochable coquetterie technique.
Antoinescuras
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le 14 févr. 2011

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Antoinescuras

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