Tropical Malady fait partie de ces films pour lesquels il faut accepter d’oublier les formes de narration traditionnelle et se laisser embarquer sans trop chercher à comprendre… Clairement je n’y suis pas arrivé ! Ce conte poético-philosophique est terriblement chiant malgré quelques beaux moments dans la deuxième partie. Et les deux parties du film ont leur importance… ou pas, en fonction de l’intérêt qu’on aura à réfléchir sans fin au sens caché des choses.


La première partie est plutôt agréable, en tout cas pour ceux qui aiment la Thaïlande ! Car l’histoire qui se joue entre les deux personnages principaux ne présente qu’un intérêt très relatif… Du coup, leurs tribulations dans les rues, les échoppes, les magasins ou la campagne thaïlandaise apportent un certain nombre de saynètes rafraichissantes. On y redécouvre avec nostalgie la vie et la culture d’un pays attachant. Mais bon… une fois l’exotisme mis de côté, on se dit que dans un contexte français on trouverait ça franchement insupportable, un peu comme du Rohmer, mais en plus intriguant tout de même, faut pas déconner.


Car il faut bien le dire, on a quand même envie de savoir ou le réalisateur va nous mener. On ne comprend pas tout de ses intentions mais au moins on sent bien qu’elles sont là, quelque part, sous-jacentes. Il doit donc y avoir quelque chose ! Au terme de la première partie, rien, calme plat. Les comédiens ont beau être formidables, le fondu au noir boucle l’histoire de manière insipide même si on a bien compris qu'il y avait un sens profond à découvrir.


La deuxième partie dans la jungle est plus inspirante, plus onirique aussi. La sobriété de la mise en scène associée à l’imaginaire des contes et merveilles donne deux-trois moments de poésie servis par des plans assez beaux même si, globalement, la qualité de la photo n’est clairement pas un atout. On retrouve aussi un semblant de progression dramatique, une vraie forme de suspense (quelle vulgarité diront certains !) mais je suis resté hermétique au propos philosophique.


Bref, les adeptes de la branlette intellectuelle vont adorer c’est sûr. La rupture avec les formes traditionnelles de narration, le sens profond caché, la mise en scène minimaliste, le désintérêt pour la belle image et le son de qualité, la lenteur existentielle, les intertitres. Tout y est !

jjpold
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le 26 avr. 2020

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