Remise en question et interrogations sur le sens de la vie, c'est le riche terreau dans lequel puise Jason Reitman que ses personnages soit adolescents, jeunes adultes ou, comme dans Tully, mère de famille en quarantaine. Abîmée par les grossesses, celle-ci est au bord de la dépression et de la schizophrénie et Charlize Theron lui prête des traits empâtés, comme toujours impeccable dans les rôles à transformation et à enlaidissement. Assez finement, le film joue sur la peur des nounous, si brillamment illustrée par Leïla Slimani dans Une chanson douce, sans parler des multiples exemples cinématographiques. Une piste qui n'est là que pour nous égarer et qui se brise non moins subtilement, au détour d'une scène anodine qui fait office de twist. Outre l'interprétation, Tully se démarque par ses dialogues tranchants, incisifs, souvent cruels où l'on note tout de même une propension à chercher la punchline qui tue, forcément pas très politiquement correct. C'est plutôt efficace, en général, même si le film aurait sans doute gagné à rester moins concentré sur sa protagoniste principale dont les états d'âme ne nous surprennent guère. Heureusement que ses relations avec la nounou rebattent un peu les cartes. Moyennant quoi, il y a matière à être en grande partie séduit si l'on excepte les dernières minutes qui deviennent soudainement convenues et sirupeuses.