Trois réalisateurs amoureux du cinéma bis des années 80 nous propose cette année un bon petit film régressif comme on les aimes.
Mélange de post-apo kitsch, de romance émouvante et de gore complétement débile, Turbo Kid est un divertissement d'une rare valeur. Mettant son faible budget au service de l'ambiance régressive qu'il revendique, le film possède une atmosphère délicieusement barrée.
En 1997 (!), le monde tel que nous le connaissons n'existe plus. Quelques rares survivants se battent pour trouver de l'eau et de quoi survivre. Dans ce chaos ambiant, le Kid, un jeune homme fan de comics va rencontrer une fille mystérieuse, Apple, et trouver au fond de lui, le courage d'affronter son destin.
Les décors dans un premier temps sont d'une naïveté enthousiasmante. On navigue entre un grand terrain vague et des entrepôts qu'on imagine dans la zone industrielle désaffectée à 10 bornes de la maison des réalisateurs.
Côté casting, les deux rôles principaux s'en sortent à merveille. Mention spéciale pour Laurence Leboeuf qui transmet une bonne humeur communicative durant tout le métrage. Bon point également pour Michael Ironside (seule figure connue du casting), toujours à l'aise dans le rôle du grand méchant et qui a le mérite de respecter l'art du cabotinage sans en rajouter.
Autre point positif du film. La musique de "Le Matos". Véritable trip sonore bourré de référence à la musique électro des années 80. Pas gêné par ces références, le groupe Québecois, propose des compositions plus subtiles qu'il n'y parait et font preuve d'une véritable maitrise de l'écriture musicale. Certaines scènes sont ainsi transcendées par la musique entêtante et sensible du duo (cf. Highway 64 lors de la scène du gaz toxique).
Enfin le scénario du film, sans apporter de nouveaux angles de réflexion, propose une belle métaphore sur le passage à l'age adulte. Le film passe rapidement d'une scène d'action ne reculant devant aucun effet gore à des passages contemplatifs soutenue, encore une fois, par une bande son de haute volée.
Bref, une très bonne surprise que ce Turbo Kid. Le film rebutera tout de même une partie du public à cause des ses excès gores complétement débiles (mais à mourir de rire) et son esthétique résolument datée. Ceux qui n'ont pas aimé Kung Fury ne risque pas de changer d'avis sur la vague des films nostalgiques des années 80/90 qui semblent inspirer de nombreux réalisateurs modernes.
Turbo Kid prouve une fois de plus la capacité du cinéma de genre à provoquer une multitude d'émotions pour une spectacle des plus réjouissants.