Kevin Smith est de retour, trois ans après l'intrigant Red State où il mettait pour la première fois un pied dans le registre horrifique. Il récidive et pond ce Tusk complètement fou qui porte indéniablement la patte de son metteur en scène. Imaginé au cours de l'un de ses podcasts sur le net, le scénario narre la mésaventure d'un podcaster américain au Canada, transformé malgré lui en un morse par un vieux frappadingue pendant que sa copine et son collègue partent à sa recherche aux côtés d'un détective privé alcoolique. Un pitch hors du commun qui frôle le slapstick mais qui arrive pourtant à tenir la route en mélangeant horreur et comédie...
Comme à son habitude, Smith s'inspire de son quotidien et truffe son film de petites références, qu'elles soient cinématographiques ou issues de la culture populaire. Il commence ainsi son film de manière très décomplexée où notre podcaster arrogant (Justin Long, parfait) écoute le récit de ce vieil infirme (Michael Parks, qui retrouve le réalisateur après Red State) qui dit avoir voyagé en mer et rencontré Hemingway pendant la Seconde Guerre Mondiale. Puis le metteur en scène change de ton en nous plongeant dans l'horreur pure et dingue, comme un remake de The Human Centipede à la fois glaçant et délirant.
On rit de l'absurdité du sujet tout en restant mal à l'aise. À partir de là, on peut dire que Kevin Smith a une certaine façon de s'immiscer dans le genre horrifique. Parallèlement, la petite amie de notre héros (Génesis Rodriguez) et son ami podcaster (Haley Joel Osment dans un comeback saisissant) se lancent à sa recherche et sont aidés d'un ancien flic un peu dingue (Johnny Depp, affublé d'un maquillage fou et à l'accent français hilarant). Le film part donc clairement dans un mélange de genres où les situations cocasses contrastent avec l'insupportable supplice qu'endure notre héros, transformé et martyrisé par un maniaque. Excentrique, étouffant, drôle, touchant, Tu**Texte en gras**sk est un OFNI qui ne pourra pas plaire à tout le monde mais qui ne laissera assurément personne de marbre, prouvant non seulement que Kevin Smith est un sacré touche-à-tout mais aussi que l'on peut faire un film à partir de n'importe quoi.