Ce qu'il y a d'admirable avec Un fils, c'est sa capacité à parler de beaucoup de choses en le faisant de la manière la plus ramassée. En 1h36 top chrono, Mehdi M. Barsaoui (également scénariste) sert un drame intimiste émouvant tout en ouvrant le panorama sur la dure réalité post-2011 au Maghreb. En effet, la famille au centre du film semble aussi déboussolée que la région, défigurée par les conflits internes et le terrorisme galopant. Les deux sujets se superposent sans aucune interférence. On peut même voir, derrière le couple mis à mal par l'adversité, l'allégorie d'un territoire en crise qui a besoin de se redéfinir. De dire stop aux marchands d'espoir, à l'entre-soi et aux mensonges. Pour laisser subsister un avenir, aussi incertain soit-il.
Oui, l'histoire d'Un fils, c'est un peu tout ça. Bien entendu ce qui saisit en priorité, c'est l'intensité avec laquelle les comédiens interprètent leurs personnages en ruine (Sami Bouajila et Najla Ben Abdallah exceptionnels). Leurs errements de chaque côtés de la morale renforcent la tendresse pour cet amour durement touché. Et achève de broyer le cœur dans un ultime regard clair et pourtant incertain. Serait-ce de l'optimisme ? Je le crois. Je veux le croire.