Voila une reconstitution historique qui fait plaisir à voir pour un féru d'histoire, car elle met en scène la rivalité qui opposa deux des personnages les plus fascinants de l'histoire de l'Angleterre. A ma gauche Henri VIII, le veuf noir, dont le règne mouvementé a inspiré de nombreux films, une série télé, et non pas un mais plusieurs épisodes des Simpsons. Et à ma droite Thomas More, homme politique et penseur, une des figures emblématiques de l'Humanisme, piliers de la philosophie des Lumières et créateur du concept "d'utopie" au sens où on l'entend aujourd'hui.
Que Fred Zinnemann s'attarde quasi exclusivement sur le personnage de Thomas More n'est que justice au regard de la place prépondérante qu'à pris le fantasque Henri VIII dans la culture populaire. Ceci au détriment de celui qui fut tour à tour un ami, un bras droit, puis un solide adversaire.
Mais replaçons un peu les choses dans leur contexte. Le règne d'Henri VIII est très connu mais ce sera sans doute pas inutile. Celui-ci souhaite divorcer afin d'avoir un héritier mâle légitime, ce que sa première épouse n'a pu lui offrir. Le divorce est une chose rarissime à l'époque, et seulement autoriser par décret spécial du pape (ou d'un évêque). Or le pape refuse d'autoriser ce divorce, et c'est en réaction que le roi se déclare chef de l'église d'Angleterre. Par pur fidélité, ou par crainte, le parlement valide ce décret, à l'exception de quelques irréductibles, dont Thomas More pour que ce décret est illégal.
A cheval sur le biopic, le thriller politique et le thriller judiciaire, Un homme pour l'éternité propose une vision très juste de cet évènement majeur dans l'histoire de l'Angleterre. Sans tomber la simplicité d'une opposition politique franche et nette entre les deux hommes. Il s'agit plutôt d'une opposition contrainte, qui semble inévitable étant donné la fidélité de More avant tout à ses principes, face à un roi autoritaire.
Paul Scofield remporta l'oscar du meilleur acteur pour son interprétation d'une grande justesse de cet homme à la morale inflexible. Henri VIII est quant à lui campé par Robert Shaw, un acteur que j'adore, sans raison objective je l'avoue. Notons la présence du tout jeune John Hurt, un acteur que j'adore, pour une raison objective cette fois : sa carrière impressionnante.
Un homme pour l'éternité apparait donc comme un film indispensable, apportant un éclairage intéressant sur un personnage fascinant. Bien servi et bien réalisé il s'agit sans doute de la plus grande réussite de Zinnemann, lui aussi oscarisé pour ce film. Il est d'autant plus dommage qu'il ne soit pas inscrit au registre des films pour l'éternité.