Une étudiante part accompagnée de son copain à New York quelques jours le temps de rencontrer un réalisateur qu'elle admire, et qu'elle veut interviewer pour le journal de son école. A partir de là, ce qui devait être une parenthèse amoureuse entre les deux va les séparer par le jeu des intrigues et mettre à mal leurs sentiments.
On reconnait le style de Woody Allen dès les premières secondes, et il revient à son cher New York pour une comédie romantique que j'ai trouvé merveilleuse, qui donne envie de chanter sous la pluie, et qui me fait croire à l'immortalité, car réaliser quelque chose d'aussi juvénile quand on a 83 ans, chapeau !
Thimothée Chalamet joue un des (nombreux) avatars de Woody, en moins névrosé, avec une tenue qui semble hors de notre temps, vivant comme un parvenu parce qu'il a gagné beaucoup d'argent au poker ; rien de plus logique en somme que son personnage s'appelle Gatsby, tellement il semble le claquer à l'envi, et notamment une superbe chambre d'hôtel où il devait être avec sa compagne. Quant à Elle Fanning, dont je ne suis pas toujours fan, j'avoue qu'elle m'a bluffé aussi, car on la voit évoluer dans cette histoire, au départ groupie d'un réalisateur (Liev Schreiber), capable de citer Vittorio de Sica ou Jean Renoir, et il faut dire un peu tête de linotte, qui change peu à peu au fur et à mesure de ses rencontres, que ce soit Jude Law, Rebecca Hall ou Diego Luna. Peu à peu, elle semble prendre de l'assurance, voire du recul, et impactera sa relation avec Thimothée Chalamet. On peut dire la même chose de son côté, car la solitude forcée va le pousser à rencontrer d'autres personnes de son côté, en particulier Selena Gomez, et une rencontre capitale va le changer lui aussi en profondeur.
Malgré son aspect léger, il y a quand même un soupçon de gravité qui tourne autour de cette histoire, avec cette pluie battante, mais quels acteurs ! Tous et toutes sont formidables, y compris Rebecca Hall dans sa courte scène où elle s'engueule avec Jude Law, qui est scénariste, cette dernière assumant le fait qu'elle couche avec le meilleur ami du second. Entre les deux se tient Elle Fanning, calepin à la main, qui croit assister à une leçon de cinéma. Il fallait bien Woody Allen pour rendre aussi émouvant le personnage de Selena Gomez, incarnant la petite soeur d'un ex de Chalamet, qui est un peu aussi sa mauvaise conscience et va elle aussi le révéler.
Il est juste dommage que ça soit aussi court, moins de 90 minutes, car en plus d'être brillamment écrit, il y a une mise en scène d'une grande fluidité. Et j'adore aussi la lumière de Vittorio Storaro, qui part du sombre pour aller vers la lumière, comme le montre cette très belle scène où Chalamet va chanter pour la première fois au piano.
Même si plusieurs de ses acteurs et actrices renient le film au regard de l'affaire Allen-Farrow, ils devraient être fiers de jouer pour un si grand réalisateur.