Le premier mot qui me vient à l'esprit quand je repense à ce "Monde sans pitié", c'est le mot Liberté. Liberté de s'affranchir des codes de la société. Liberté de vivre comme on le ressent. Liberté de dire haut et fort "Je vous emmerde!". Liberté d'aimer. De dés-aimer aussitôt pour ré-aimer aussi vite.
Nous sommes en 2019 et c'est vrai que ce film peut paraitre un tantinet kitch. Mais dans le bon sens du terme. Dans le sens où tout au long de l'histoire, on se laisse bercer par une certaine nostalgie de la vie dans les années 80. Le fil du téléphone à cadran jamais assez long. Les soirées noyées dans des nuages de fumée de cigarettes. Les gros et trop grands pulls en laine. Les racines décollées et permanentées pour les filles et les cheveux moitié long pour les garçons. J'ai du avoir des sourires plein de naïveté. Et je me rappelle avoir ri aussi. Spontanément. Surtout lors des séquences avec la voiture et ces étonnantes acrobaties imposées, entre la banquette arrière et le siège de devant, pour avoir la chance de pouvoir rouler dans ce tas de ferraille un peu cabossé.
Hippolyte est un personnage attachant. Dans sa conquête amoureuse (trop mignon quand il va à Normal Sup). Dans ses relations tellement authentiques et sincères avec son frère et ses parents. Roulant sa bosse dans une nonchalance assumée et étrangement touchante. Il aime les gens et s'exaspère de leur présence tout aussi vite. Il ne supporte pas d'être seul mais clame magistralement " Vous me faites tous ch*** !". Je crois sincèrement qu'il a de l'affection pour le genre humain. Mais il faut juste le laisser s'épanouir à son rythme et sans le juger. Il est à la recherche de son bonheur à lui. De sa place dans cette société qui apparemment ne le comprend pas vraiment et ne le fait pas exister comme il le voudrait. Et ça donne à réfléchir. Mais un peu plus tard. Parce que je t'avouerai que, vu l'heure qu'il était et la chaleur de la nuit, mon cerveau tournait un peu beaucoup au ralenti.
Le personnage de Nathalie m'a beaucoup moins parlée. Je l'ai trouvé, hélas, un peu terne. Un chouia agaçante. Peut-être trop facile à séduire sentimentalement et pas assez combattante face à son amoureux je m'en foutisme ? J'aurai aimé un peu plus d'intensité dans leur relation. Un peu plus de fight.
La fin est impeccable. Pas de happy end redondant. Le monde continue inexorablement de tourner avec ses normes et ses principes et Hippolyte s'évertue de vivre à sa manière. Il aime ou pas. Il fait ou pas. Il s'émerveille ou passe son chemin. Chacun vie sa vie, ses amours, ses envies, ses désillusions à sa façon pour dénicher son véritable bonheur et ressentir le plaisir d'être vivant. Alors, au final, pourquoi pas ?