Un monstre à Paris par Pierrick Boully
Dans le Paris inondé de 1910, un monstre (M) sème la panique. Traqué sans relâche par le redoutable préfet Maynott (François Cluzet), il demeure introuvable... Et si la meilleure cachette était sous les feux de "L'Oiseau Rare", un cabaret où chante Lucille (Vanessa Paradis), la star de Montmartre au caractère bien trempé ?
Un monstre à Paris est le nouveau film « buzz » d’animation française, surtout grâce à son casting réunissant deux grands chanteurs : Vanessa Paradis et M. Mais au-delà de sa musique, penchons-nous plutôt sur tout le reste du film, car Un monstre à Paris est un petit pas dans cette catégorie du cinéma français.
Un monstre à Paris est une histoire originale de monstre, sans en être une, car la force de son scénario est qu’il a réutilisé tout les clichés du film de monstre (le monstre gentil, sa création dans un accident de laboratoire, le monstre proche de la belle) tout en rendant l’histoire originale, fraîche. Alors oui, le film est un peu trop rapide, et l’humour aurait put être plus appuyé, on ressent comme un film à 50% de son intention, mais je le redis : ces 50% sont déjà un bond dans l’animation française !
Cependant l’animation du film, ni moche ni excellente, tire un peu vers l’américain en empruntant les yeux ronds de Pixar et les nez fins et pointus de DreamWorks (le réalisateur, Bibo Bergeron, a travaillé chez DreamWorks en réalisant La Route d'Eldorado et Gang de Requins). Quand aux mouvements d’animations ils passent biens même si on sent bien qu’ils ne sont pas faits en capture de mouvement. L’idée dans ce film serait tout de même de se faire un style d’animation française, et ici un pas a était fait. À suivre…
Un monstre à Paris c’est aussi une belle vision du vieux Paris, une image plutôt belle dans l’ensemble mais surtout une vision plus américaine que française (à croire que Bilbo Bergeron à adopter une vision américaine à force d’y habiter), le tout est rendu par quelques plans intéressant comme une caméra subjective à l’intérieur du monstre, intéressant car il nous mets dans la peau du monstre mais surtout car ce plan nous donne le pouvoir d’enjamber la moitié de Paris, un rêve. Il y a aussi la course-poursuite finale, chère aux films d’animations, qui est ici sans interruption pendant un bon 20 minutes, elle a un si bon rythme qu’elle ne contient aucune interruption pour un spectateur qui en demandera tout de même plus, toujours plus….
Un monstre à Paris s’est fait connaître grâce à ses musiques, réunissant deux grands chanteurs français, or c’est bien dans la partie sonore que le film se perd. En effet les voix et les bruitages rajoutés sonnent faux, l’illusion n’est pas là. Le film a tout de même un bon duo musical réunissant M et Vanessa Paradis, en tout cas sans être un grand fan de ses chanteurs dans le film leurs musiques marchent bien.
Comme dans The Prodigies (d’Antoine Charreyron), même si le côté son du film a encore quelques problèmes l’animation elle fait un bon énorme. Il reste encore le scénario, plutôt adulte dans The Prodigies, plus enfantin dans Un monstre à Paris, ainsi le film devient accessible à tout le monde en ne cherchant pas la complexité. Un monstre à Paris n’est pas un film d’animation extraordinaire, c’est une avancée dans le film d’animation (numérique) français.
Pierrick Boully