Le vampire, il y a en surtout un : un diamantaire judicieusement dénommé Ratner (Adam Sandler).


Toutefois, autour de lui et de son caillou secrètement importé d'Ethiopie gravitent des personnages tout aussi rongés par l'avidité --- même si le superstitieux basketteur fasciné par l'opale, lui, mouille quotidiennement le maillot pour acquérir ce qu'il convoite dans l'existence (à savoir cet argent et cette gloire qui procurent aux stars du sport les bousine$, les breloque$ et les mannequin$).


Si l'objectif de Benny et Joshua Safdie était de dénoncer vigoureusement la goinfrerie, la vulgarité et la bêtise, il est atteint.


Il faut cependant prendre sur soi pour s'adapter au rythme et à l'ambiance que les frangins impriment à leur film dès les premières secondes : c'est bruyant, mouvementé, grossier (avec probablement le record de "fuck" pulvérisé)...



Et il en sera ainsi pendant 135 minutes !



Pourtant, ce concentré très rythmé de petitesses et de bassesses fonctionne. On suit avec intérêt les péripéties du vilain Ratner, ses magouilles, ses mensonges, ses espoirs, ses déboires, ses rebonds.


J'ai lu chez un sens-critiqueur déçu que son absence d'empathie pour les personnages condamnait de facto le film. C'est la came impérative du spectateur 2.0 (souvent incapable de visionner des films antérieurs à 1995) : la dose d'empathie. Prolongement logique de la chasse à la négativité des Ravis de l'époque...


Ratner & Co. sont effectivement de méprisables individus --- Sandler s'en sort d'ailleurs fort bien dans ce rôle à contre-emploi (mais déjà dans The Cobbler on le sentait capable de prouesses). Et alors ?!


Pour faire valoir leur propos, les réalisateurs ont estimé que mettre en scène l'abjection tranquille des fumiers passait par un portrait au vitriol du personnage principal.


Rien à sauver chez Ratner, fait comme un...


Ni la scène apaisée et digne du repas juif, ni la tentative (ratée) d'amadouement de son épouse, ni les compliments à sa fille ne parviennent à adoucir les traits de Ratner : ça reste une sale fripouille.


Le dénouement de cette fable noire est à l'image du discours des frères Safdie : sans appel.
Ratner mourra sous les balles d'un des hommes de main d'Arno, un membre de la famille...


Pari casse-gueule.
Démonstration plus que convaincante.
Bingo !

Arnaud-Fioutieur
8

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Créée

le 14 juin 2020

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