David Robert Mitchell était attendu après le frisson d’It Follows ; il réitère son exploration d’une jeunesse désœuvrée et s’appuie cette fois sur le mythe de Hollywood.
Pourtant si la base paraît simple (une jeune femme disparaît et un loser décide d’interpréter des « signes » afin de retrouver un amour tout juste naissant), le scénario se veut plus complexe tellement il plonge dans les tréfonds d’une génération perdue, tout en détruisant certains acquis en intégrant la théorie du complot. La pop culture, avec tout ce qu’elle entraîne dans un large panel entre comics, musique, narcissisme, etc. se voit démystifiée. Du moins Mitchell ose sciemment déconstruire ce qu’une génération pensait avoir pour acquis.
On erre donc dans un labyrinthe, celui de L.A, de fêtes confidentielles en passant surtout par la recherche de l’Age d’Or d’Hollywood. Car Under The Silver Lake est aussi teinté d’une aura Hitchcockienne et d’un certain paradis perdu qu’illustre très bien les nostalgiques des films des années 50, avec son lot d’icônes.
Néanmoins Mulholland Drive nous traverse tous l’esprit tant le réalisateur reprend certains poncifs du film comme la recherche de la célébrité en hypnotisant son spectateur. En effet, sans vraiment atteindre l’apothéose, le film se noie dans trop de messages sans définir une ou plusieurs lignes concrètes et à l’instar de Lynch, Under The Silver Lake sait vous rendre captif, aidé autant par son imagerie que par son acteur. Andrew Garfield incarne donc un mec un peu paumé mais qu’on suit avec intérêt dans ses délires.
Le film se pare aussi d’une multitude de références, ce qui aide forcément la catharsis à faire son œuvre. Sans compter que le film parvient à certains moments d’anthologie (le chemin du roi des SDF ou encore cette incroyable rencontre avec LE compositeur) sans pour autant parvenir à atteindre des sommets. On en ressort tout flou, bercé par une atmosphère sans pour autant réussir à définir ce qu’on vient de voir ; ce qui fait de David Robert Mitchell un homme à suivre, indubitablement.

LuluCiné
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le 16 août 2018

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